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Editorial : Laudato Si’

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Voici une lecture pour l’été ! L’encyclique de notre Pape François n’est certes pas faite pour nous distraire ni pour nous endormir le soir. Elle est plutôt propre à nous réveiller, personnellement et collectivement. Ce n’est pas un roman de science-fiction, même si elle évoque un futur qui a de quoi nous effrayer et risque d’être bien réel si nous ne faisons rien. Le Pape évoque surtout le présent de notre planète, confrontée à de grandes inégalités, à un égoïsme des riches, à une succession d’attitudes politiques irresponsables, dont les plus vulnérables paient le prix, et dont les futures générations seront en droit de nous demander des comptes.
Laudato si’ ! Loué sois-tu ! Le Pape François reprend les premiers mots du Cantique des créatures de saint François d’Assise, qu’il a pris comme saint patron de son pontificat. Cette louange au Créateur est la première attitude écologique. En effet, notre juste relation au monde commence par la reconnaissance, au double sens de ce mot : reconnaître que ce monde est un bien précieux qui nous est confié ; et être reconnaissant envers Dieu qui en est la source. L’être humain a été mis dans ce monde comme dans un jardin à cultiver. Il est lui-même un don de Dieu, et il doit reconnaître son semblable comme don de Dieu. Ainsi, dans le prolongement de Frère François, mais aussi de toute la tradition de l’Eglise, le Pape François nous offre une vision du monde unifiée, toute la création procédant du même geste d’amour de Dieu, de sa parole créatrice, qui donne vie et sens à tout. Notre relation au monde inclut dans un même regard d’émerveillement et de respect les créatures qui semblent les plus insignifiantes et celles qui semblent les plus nobles. Et le respect de notre semblable, notamment le plus vulnérable et le plus abîmé par la vie, est une même attitude écologique que le respect de la nature. L’écologie n’est pas simplement la défense de la nature ; elle est le respect de toute la création, à commencer par l’être humain lui-même. Cette encyclique est donc d’abord une encyclique dit « sociale », qui pointe les grands déséquilibres humains, entre les peuples et entre les personnes, déséquilibres qui ont leurs prolongements dans les violences faites à l’environnement. Mais l’encyclique est tout autant spirituelle et théologique. François indique la source de tous les déséquilibres, comme des remèdes à y apporter : c’est le cœur de l’homme. C’est pourquoi son encyclique est éminemment pastorale : elle invite à la conversion du cœur. Et elle indique les chemins d’une « conversion écologique ». Cette conversion est celle de chacun d’entre nous, dans nos comportements habituels. C’est une grâce à demander, notamment avec la belle prière qui conclut l’encyclique.
Voilà donc de quoi nous occuper, non seulement cet été, mais aussi l’année prochaine sans doute. Nous en reparlerons. Bel été… écologique !

+ Thierry Brac de la Perrière
Evêque de Nevers