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Editorial : Le monde et nous

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Il y a quelques semaines, j’ai effectué une visite pastorale dans les paroisses de Brinon, Corbigny, Lormes et Tannay. Cette visite m’a rempli de joie pour les rencontres que j’ai faites, non seulement avec les différents acteurs de la vie paroissiale, mais aussi avec des acteurs de l’économie et de la culture dans ce canton. L’agriculture et la culture sont deux réalités importantes dans notre département, cette visite pastorale me l’a bien montré. J’ai rencontré des éleveurs-agriculteurs, ainsi qu’un viticulteur, mais aussi un tout jeune apiculteur. Et j’ai découvert deux belles activités culturelles : le festival des Petites Rêveries à Brinon (200 habitants, 8000 spectateurs pour le festival), ainsi que Le Carrouège à Vauclaix (120 habitants), qui est un café associatif. Là se rejoignaient la culture et l’agriculture, par le thème du film présenté ce soir-là : La terre en morceaux. Il s’agissait du problème de la pression exercée sur les agriculteurs et les maires des communes pour transformer des terres agricoles en terrains constructibles. Les terres cultivables disparaissent irrémédiablement au profit de zones commerciales ou industrielles. Ces entreprises pourraient s’installer sur des friches industrielles mais préfèrent acheter à bas prix des terres agricoles. Il se trouve que nous avions évoqué la question avec de jeunes agriculteurs deux jours auparavant. Ceux-ci me confiaient leur désarroi causé non seulement par les récoltes catastrophiques de cette année, mais aussi par l’évolution de leur profession. L’entreprise familiale, modèle français par excellence, est menacée par l’arrivée d’investisseurs de tous ordres qui achètent et vendent des terrains agricoles, mettant ceux qui travaillent ces terres dans une grande insécurité. Sans compter les difficultés chroniques des agriculteurs, que leur travail ne suffit pas à faire vivre.

Notre pays et notre département sont touchés par la mondialisation. L’agriculture en est une illustration, avec la question des migrants qui a fait l’objet d’une soirée-débat dans le cadre de cette même visite pastorale. Il y avait de quoi pleurer devant la détresse exprimée par les jeunes éleveurs, mais aussi de quoi s’enthousiasmer à l’écoute du jeune apiculteur passionné par son métier. Et il y avait de quoi se réjouir des liens sociaux que tissent des événements culturels dans nos zones rurales.

Il y a une mondialisation des injustices, et nous en sommes collectivement à la fois victimes et responsables. Alors pourquoi n’y aurait-il pas une mondialisation de l’amour, dont nous serions à la fois les promoteurs et les bénéficiaires ?

+ Thierry Brac de la Perrière
Evêque de Nevers