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Editorial : Une “bonne” année

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La santé, la famille, le travail : lorsque nous nous souhaitons une bonne année, n’est-ce pas le trio de tête des vœux que nous formulons les uns pour les autres ? Ce sont en effet trois biens précieux et fragiles. A cela s’ajoutent les joies particulières qu’une nouvelle année laisse parfois envisager : une naissance, un nouveau départ dans la vie, un mariage, la réussite d’un examen, mille autres choses qui contribueront à dire que c’est « une bonne année ». Mais nous devinons qu’elle nous réserve, cette année, des choses difficiles aussi. Et je sais bien, en souhaitant une « bonne année » à certaines personnes, que cette année ne leur sera guère souriante : une séparation, un deuil, une maladie, un échec, une perte d’emploi, qui imposent des souffrances inéluctables et parfois durables. Comment trouver cette année « bonne » dans ces conditions ?

Je ne crois pas que Jésus nous promette « la bonne année ». Il a vécu comme nous les joies, les aléas et les souffrances de cette vie. Il est venu annoncer « l’année de bienfaits », c’est-à-dire le temps de la miséricorde, le temps de la réconciliation, offert par Dieu à ceux qui veulent bien l’accueillir. Pour bien des personnes que Jésus a rencontrées, cette rencontre fut un bon jour, parfois un jour décisif. Et dès lors, c’était pour eux « la bonne année » ! Un jour, une année, où leur cœur a été changé, où leur vie a changé. Et aujourd’hui encore, je vois des personnes faire cette rencontre décisive, qui permet que chaque année, chaque semaine, chaque journée peut être « bonne ». Car l’amour de Dieu, l’amour en Dieu, est capable de remplir toute notre vie, et peut même entrer par les failles et les blessures de nos cœurs.

Dans la même année, nous célébrons tous les mystères de Jésus : les mystères joyeux de sa naissance, les mystères lumineux de son enseignement et de toute son activité en Palestine, les mystères ô combien douloureux de sa souffrance et de sa mort, et les mystères glorieux de sa résurrection. La liturgie nous fait vivre ce que notre foi nous fait vivre : des naissances, des morts et des résurrections. « Chaque jour est une vie », me dit souvent une personne qui souffre physiquement et moralement depuis des dizaines d’années. Chaque jour comporte ses combats pour vivre, espérer, aimer. Chaque jour reçoit aussi ses grâces pour cela.

Faut-il donc dire « bonne année » ? Oui, si l’on n’est pas dupe de tout ce que l’on perd dans cette grande généralité. « Pour le Seigneur un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour » (2 P 3,8). Autrement dit, un instant peut valoir l’éternité, si c’est l’instant d’une résurrection. Alors, bonne année, bons instants d’éternité !

 

+ Thierry Brac de la Perrière
Evêque de Nevers