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Le carême : dire “toi” plutôt que “moi”

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Il n’y aura pas de conférences de Carême cette année dans notre diocèse, ni de thème particulier. Ce sera un Carême ordinaire, à vivre personnellement, en famille, en paroisse ou en communauté. Il s’agit de nous rappeler le sens premier du Carême : entrer avec Jésus au désert pour un combat spirituel, qui consiste à mourir à nous-mêmes pour vivre en Jésus Christ.

La vie du Christ, nous l’avons reçue par le baptême, et elle sera donnée à quelques-uns lors de la veillée pascale. Nous constatons que, de jour en jour, d’année en année, la grâce de notre baptême se heurte à des résistances, et nous perdons une bonne part de nos énergies de foi, d’espérance et d’amour par les obstacles que nous mettons à la vie divine en nous. En quoi consistent ces obstacles ? Ils consistent dans toutes les occasions où nous remplaçons le “toi” par le “moi” : le “toi” ou le “vous” qui désigne Dieu, le “toi” qui désigne notre prochain.

Dans la prière, combien de fois remplaçons-nous “Que ta volonté soit faite” par “Que ma volonté soit faite” ! Comment la prière nous rend-elle vraiment disponibles à ce que Dieu veut faire en nous et avec nous ? Comment nous dépouille-t-elle de notre volonté propre, de notre recherche de nous-mêmes, pour nous ouvrir à la présence de Dieu et à son action en nous et dans le monde ?

Dans nos relations interpersonnelles, combien de fois cherchons-nous une reconnaissance de la part des autres au lieu de nous ouvrir à eux, à ce qu’ils sont et à leurs besoins ? Autrement dit, moi d’abord. J’attends des “merci”, des “pardon”, des “je t’apprécie”, plus que je ne suis prêt à en donner. Bref, c’est un vrai travail que de dompter notre “moi” qui est parfois si tyrannique.

À l’horizon de ce travail sur nous-mêmes, qu’il n’y ait pas encore notre “moi” ! C’est-à-dire nos satisfactions ou nos déceptions. C’est vers Jésus que nous sommes invités à regarder, lui qui est tout entier dans la main du Père. Car à l’horizon de tous les renoncements à notre égo, de tous ces retournements vers Dieu et vers les autres, de toutes ces morts acceptées par amour, il y a de la vie à recevoir. Il y a la résurrection de nos cœurs d’enfants de Dieu, il y a une vie nouvelle possible pour nos relations familiales et sociales, pour notre vie d’Église et pour la société tout entière.

 

+ Thierry Brac de la Perrière

évêque de Nevers