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Journée de formation pour les prêtres

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De quel discernement parle le pape François ?

« Non seulement la promotion du mariage chrétien revient aux Pasteurs, mais aussi le discernement pastoral des situations de beaucoup de gens qui ne vivent plus dans cette situation » (Pape François, Exhortation apostolique Amoris Laetitia n° 293)

Conscients d’être invités à exercer le « discernement pastoral » dont parle le pape François dans le chapitre 8 de son exhortation apostolique Amoris Laetitia nous attendions que Mgr Hervé Giraud vienne nous apporter des éclairages sur ce sujet. En son absence, c’est le P. Brac de la Perrière qui a présenté ses notes.
Au départ, est donné l’exemple du pape Benoît XVI qui, avant sa décision de quitter sa charge, a discerné devant Dieu et en conscience (ce qui constitue le centre le plus fondamental de tout homme). Et également en situation (mesure des conséquences pour l’Eglise et pour ses rapports au monde)

Mgr Giraud propose alors une série de 11 repères pour un bon discernement :
1.     La singularité de la décision : Chaque décision est indépendante et nécessite une analyse particulière.
2.     La conscience : elle est « le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre » (Vatican II, Gaudium et Spes, n° 16)
3.     La raison droite : la décision doit être rationnelle.
4.     La dimension morale : prise en compte de la complexité de la réalité
5.     Les conditionnements : histoire personnelle… les acquis fondamentaux…
6.     La place du droit : le légal n’est pas toujours moral. La loi civile ne doit pas se substituer à la conscience. La loi morale mais aussi la loi canonique.
7.     Les conséquences : mesurer les effets secondaires. Mais pas de décision sans une part d’ombre.
8.     Les conseils de prudence et de sagesse.
9.     Le temps et les risques : à un moment donné, il n’est plus possible de reporter à plus tard. Et certaines décisions ont un caractère irréversible.
10.  La grâce et la prière. La manière de prier forme à une certaine façon de décider (autre regard sur la réalité, acceptation des renoncements nécessaires…)

La gradualité dont parle le pape (Jean-Paul II en parlait déjà) n’est pas une relativisation de la loi : il n’y a pas une loi pour les uns et une autre pour les autres ; il s’agit plutôt d’un cheminement de la conscience, et celui-ci peut être différent d’un cas à l’autre tout en progressant vers la vérité.

« Le pasteur invite à vivre les béatitudes. Il en montre le chemin. Il marche lui-même avec son peuple sur ce chemin. Mais il est en situation de conduite : c’est sa responsabilité pastorale »

Après avoir pris connaissance de ces repères, nous sommes revenus entre nous sur les nombreuses situations où il a fallu exercer notre discernement pastoral : nos réserves quand les conditions fondamentales du mariage ne sont pas remplies par des fiancés ou devant les exigences de certains couples de fiancés ; des malaises devant certaines demandes de bénédictions de maison (chasser des esprits mauvais ?) ; notre perplexité devant certaines demandes de baptêmes par tradition… Dans certains cas, il nous est bien précieux d’avoir l’éclairage d’un confrère sur l’attitude à avoir.

A chaque fois, le discernement nous a amenés à rappeler la règle tout en veillant à ne jamais briser la relation avec l’Eglise.

« On peut avoir des exigences, les gens sentent bien si on est bienveillant à leur égard »

P. François Montagnon