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Editorial : 2018, et alors ?

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Le passage à une nouvelle année civile n’a aucune incidence sur notre quotidien. Nous ouvrons un nouveau calendrier, nous changeons 2017 en 2018. Pourtant nous éprouvons le besoin de marquer ce changement. Sans doute pour éprouver le temps qui passe, et pour espérer que demain soit meilleur qu’hier. Il y a un aspect circulaire du temps qui passe, comme l’aiguille d’une horloge qui remonte toujours à son sommet. Mais le temps se charge de nous faire avancer, les uns dans le déclin de leurs forces, d’autres dans l’éveil de leur vie. Et il nous est bon de marquer l’avancée annuelle des aiguilles de notre vie à l’occasion de ce changement de calendrier. Pourquoi cela ? Parce qu’au-delà du simple changement d’année, célébré souvent de façon bien artificielle et vide, il y a une histoire qui se déroule pour chacun comme pour le monde.

Les sociétés traditionnelles vivaient comme un éternel recommencement, dans un temps qui semblait circulaire. Nos sociétés occidentales se sont construites dans la conscience d’une histoire qui se déroule. A partir de la Renaissance, s’est formée l’idée d’un progrès continu de l’histoire, à travers les progrès des sciences. Le 20e siècle, avec ses guerres et ses idéologies qui ont été sans doute les plus meurtrières de l’histoire, s’est chargé de faire un sort au mythe du Progrès, source de bonheur pour l’humanité. Il n’est pas sûr pourtant que nous ayons compris la leçon, avec nos tentatives désespérées pour transformer l’homme par la technique. En faisant des robots-hommes, on s’achemine vers des hommes-robots. Où est le progrès pour l’homme ? Pendant ce temps l’homme est nié dans sa réalité spirituelle et dans sa dignité inaliénable, dès lors qu’il n’est pas désiré pour lui-même. C’est le cas d’enfants éliminés avant leur naissance en raison de leur handicap ou parce qu’ils ne viennent pas au bon moment ; c’est le cas de personnes âgées trop souvent en manque de soins ou de respect dans des EHPAD ; c’est le cas de populations entières livrées au chaos et à la famine, et exposées aux trafics d’êtres humains à cause des guerres, mais aussi de la sacro-sainte loi du marché mondial, qui se résume à la loi du plus fort.

Dans notre vision chrétienne de l’histoire, nous sommes conscients que l’homme ne peut parvenir à son bonheur par lui-même ; que nous ne pouvons demander ni aux progrès de la science ni au meilleur des systèmes politiques ou économiques d’assurer ce bonheur. Nous savons que ce qui nuit au bonheur de l’homme se trouve dans l’homme lui-même, à savoir son propre péché, qui est porteur de mort dans tous les sens du terme. Notre vision de l’histoire est marquée par l’avènement du Christ, de qui nous vient notre avenir. C’est lui qui oriente notre histoire vers son accomplissement, non pas en fonction de nos progrès humains, mais de sa grâce qui nous rejoint dans notre misère, nous guérit de notre péché et nous communique la Vie divine, accomplissement de notre vie humaine.

Dans cette conviction, ouvrons 2018 comme une nouvelle page de notre histoire sainte, c’est-à-dire de l’amour de Dieu pour nous.

 

+ Thierry Brac de la Perrière

Evêque de Nevers

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