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Editorial : La profession de foi en questions

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Voici le mois des professions de foi en paroisse. Les familles et les paroisses s’y préparent comme chaque année. Comme chaque année on préparera bien la messe, et surtout on préparera bien les aubes et le repas. Mais chaque année le nombre d’enfants baisse, et chaque année se pose de façon plus aiguë la question du sens de tout cela.

Car que se passe-t-il ? Tout le monde le sait, tout le monde le voit et tout le monde se tait : la cérémonie de profession de foi est le plus souvent précédée par une catéchèse très lacunaire, qui trouve peu de soutien en famille et ne conduit pas à une véritable pratique des sacrements, à commencer par l’eucharistie. Et elle est suivie par un abandon de toute formation chrétienne et de toute pratique religieuse, sauf pour quelques-uns qui se préparent au sacrement de la confirmation.

Or on entend parfois, après la profession de foi, que l’enfant « a tout fait ». Comme s’il avait reçu tous ses vaccins « religieux ». Or si la catéchèse n’a pas abouti à un désir de continuer la vie chrétienne, si elle n’a pas conduit au sacrement de confirmation et surtout à une vie de foi authentique, elle n’a rien fait. Je ne veux pas incriminer les catéchistes qui se donnent au mieux pour assurer cette tâche difficile. Je ne veux pas non plus incriminer les parents qui ont tout de même inscrit leur enfant au catéchisme, alors qu’aujourd’hui la plupart de ceux qui font baptiser leurs enfants n’ont aucune intention de les faire catéchiser, malgré leur engagement pris au moment du baptême.

La profession de foi comporte donc, dans beaucoup de situations, un caractère mensonger. On fait faire aux enfants un rite qui ne veut rien dire pour eux. Cela décourage les catéchistes et les prêtres qui sont attachés à transmettre l’Evangile comme une flamme vivante et non comme un ensemble de « valeurs » ou de connaissances.

Je ne vais pas ici refaire l’histoire de la profession de foi, qui est une pratique exclusivement française. Je ne veux pas non plus supprimer d’un trait de plume cette coutume à laquelle nous sommes habitués – et nous n’aimons pas trop les changements d’habitudes ! – mais je veux simplement interroger nos façons de faire, et réfléchir à notre manière d’assurer l’initiation chrétienne des enfants et des adolescents.

Le Saint-Siège se prépare à publier un nouveau Directoire général de la catéchèse. Il sera l’occasion de donner un nouveau souffle et sans doute de nouvelles manières de proposer la foi dans notre diocèse. Pour cela je lancerai des Etats généraux de la catéchèse à la rentrée prochaine.

En ce mois de juin, mois du Saint-Sacrement et du Sacré-Cœur, que Jésus nous remplisse du désir de l’aimer et de le faire aimer.

+ Thierry Brac de la Perrière

Evêque de Nevers