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Editorial : Heureux les artisans de paix

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Les vœux pour la nouvelle année font résonner partout le mot paix. Si le mot est universellement proclamé, la chose est en revanche des plus difficiles à réaliser. Nous venons de célébrer la venue au monde du Prince de la Paix. Jésus vient donner la paix, mais pas à la manière du monde. Pas dans des équilibres toujours précaires entre forces opposées ; pas dans le repli sur soi qui vient du refus d’être dérangé, individuellement ou collectivement : « qu’on me f… la paix ! » ; pas dans l’illusoire sentiment que l’on est en paix parce que l’on est loin des zones de conflits. Le mouvement des gilets jaunes est venu secouer le pays comme un appel prendre en compte des souffrances jusque-là silencieuses, qui vont au-delà de simples revendications financières. Puisse ce mouvement, malheureusement perturbé par des ennemis de la paix, aboutir à de nouvelles formes de dialogue et à une plus grande cohésion sociale, moyennant une plus grande justice. Notre Eglise se propose comme servante de ce dialogue, au nom du Christ venu à la rencontre de notre humanité.

On dira que l’Eglise ne doit pas faire de politique. Certes, mais les chrétiens doivent s’engager pour la justice et la paix, et ils sont appelés à participer à la vie publique. La politique, disait le saint pape Paul VI, est l’une des formes les plus élevées de la charité. Et justement, le pape François nous a adressé pour la Journée mondiale de la Paix un message qui concerne précisément la responsabilité politique. Il s’intitule : « La bonne politique est au service de la paix ». Pour cela, elle demande un engagement personnel de la part des responsables politiques, une cohérence de vie et un courage au service de la justice et de la paix. Cette année sera celle d’élections au Parlement européen. Quelle que soit notre opinion au sujet de la construction européenne, l’Europe a la mission de montrer le chemin de la vraie paix. Cela n’engage pas que les responsables politiques, mais les peuples eux-mêmes qu’ils représentent. Il nous revient donc à chacun de lutter contre le repli sur soi et la peur de l’autre, et de promouvoir à tous niveaux la rencontre et le dialogue avec ceux qui ne partagent pas nos convictions ou nos modes de vie.

Jésus seul conduit à la paix, il est la paix de Dieu faite homme. Que ce temps de Noël et de l’Épiphanie fasse sentir à tous la paix qui vient de la crèche de Bethléem. Que nous-mêmes, frères et sœurs du Prince de la Paix, montrions des visages de cette paix. Que Marie, la Reine de la Paix, que nous avons accueillie dans notre diocèse, nous enfante nous-mêmes comme des fils et filles de paix.

+ Thierry Brac de la Perrière
Evêque de Nevers