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Il semble que ce mois de mai nous permette de respirer un peu, avec la levée de certaines restrictions. Pour autant, nos esprits et nos cœurs ont besoin de sortir eux-aussi d’un certain confinement. Nous allons célébrer la Pentecôte et la venue de l’Esprit Saint qui a fait sortir les apôtres de leur maison, pour une aventure qui les emmènera au bout du monde.

L’Esprit Saint est l’âme de l’Eglise, et sans lui les apôtres en seraient restés au souvenir de ce qu’ils ont vécu avec Jésus. Sans lui il n’y aurait pas d’Eglise, il n’y aurait que des partis qui s’opposeraient au sein du judaïsme, avec une branche réformiste qui serait celle des partisans de Jésus. Mais jamais l’Eglise ne serait sortie des schémas internes au judaïsme. L’Esprit Saint fait sortir des cadres, pour une nouveauté qui est celle de la résurrection : celle de Jésus d’abord et celle de toute la création qui doit être renouvelée. C’est donc tout l’homme qui doit être renouvelé, régénéré dans l’Esprit Saint, en attendant les cieux nouveaux et la terre nouvelle.

La première communauté chrétienne va exprimer cela : en se rassemblant dans la foi en Jésus ressuscité, présent au milieu d’elle ; en vivant dans la charité du Christ, annonçant par sa manière de vivre l’espérance d’un monde nouveau, réconcilié, juste, fraternel entre tous et avec tous ; en accueillant et communiquant la paix du Christ, qui efface les péchés et tend la main à tous ; en proclamant envers et contre tout l’espérance du Christ et sa victoire par la croix. L’Esprit Saint a fait naître une réalité nouvelle, un peuple nouveau, chargé de porter témoignage d’un monde nouveau, d’une vie nouvelle qui est celle de l’Amour trinitaire.

Dans le souffle de la Pentecôte va naître l’Eglise de façon non programmée, non organisée, mais vivant dans une communion qui sera la base de son organisation. Il ne nous serait pas inutile de regarder de près comment l’Eglise s’est organisée non par souci d’efficacité mais pour garantir la communion et s’ouvrir à la nouveauté de la mission.

Nous savons malheureusement que l’Esprit, toujours présent à l’Eglise, n’a pas empêché le péché de s’y infiltrer et au vieil homme de reprendre le dessus, bien des fois, sur l’homme nouveau ; que la chair continue à combattre contre l’Esprit et que le corps du Christ ressuscité est encore crucifié par ses propres membres. Le travail des évêques sur les abus sexuels dans l’Eglise, présenté dans la Lettre aux catholiques qui est largement diffusée ces jours-ci, témoigne à la fois de ce péché à l’œuvre et en même temps du travail de l’Esprit pour redresser ce qui est tordu et guérir ce qui est blessé. Confions-lui tout ce qu’aucune action humaine ne pourra purifier ou guérir.

 

 

+ Thierry Brac de la Perrière

Evêque de Nevers