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Paroisse de Saint-Saulge-Feuille d’information mensuelle, novembre 2014

A quel saint se vouer ?
Le dictionnaire hagiographique rédigé par les bénédictins de Ramsgate, en Angleterre, a pour titre : « Dix mille saints ». Et j’ai sous les yeux l’édition de 1989. Bien d’autres saints ont été canonisés depuis. De plus ce travail monastique ne peut pas compter tous les saints anonymes que Dieu seul connait, ces « saints et saintes de Dieu dont la vie et la mort ont crié Jésus Christ sur les routes du monde… » comme nous le chantons avec la litanie des saints.
Alors : à quel saint se vouer ?
Nous avons tous, hérités de notre éducation familiale ou de différentes expériences religieuses et spirituelles, nos préférés. Marie, bien sûr, qui s’impose à tous, tel saint local, tel témoin de la foi qui nous parle davantage… Bernadette, pour nous nivernais, a une place de choix. Il y a aussi des valeurs sûres comme saint Antoine pour celui qui égare ses clefs, saint Christophe pour qui prend la route, sainte Expédit, sainte Rita pour des causes désespérées…
Le pape François nous invite (m’invite) à la conversion dans son exhortation apostolique « La joie de l’Évangile ». Dans le grand chapitre sur « L’annonce de l’Évangile », plusieurs paragraphes sont rédigés sur « La force évangélisatrice de la pitié populaire ». Dans la piété populaire, dit le pape, on peut comprendre comment la foi s’est incarnée dans une culture et continue à se transmettre. Il cite le travail de la cinquième conférence générale de l’épiscopat latino-américain et des Caraïbes : « Le fait de marcher ensemble vers les sanctuaires, et de participer à d’autres manifestations de la piété populaire, en amenant aussi les enfants ou en invitant d’autres personnes, est en soi un acte d’évangélisation ». Il pense aussi à la foi solide des mères qui, au pied du lit de leur enfant malade, prient le Rosaire alors qu’elles ne savent pas réciter le Credo, et à ceux qui allument simplement une bougie pour demander l’aide de Marie.
Dans la piété populaire, puisqu’elle est fruit de l’Évangile inculturé, se trouve une force activement évangélisatrice que nous ne pouvons pas sous-estimer : ce serait comme méconnaître l’œuvre de l’Esprit Saint. Nous sommes plutôt appelés à l’encourager et à la fortifier pour approfondir le processus d’inculturation qui est une réalité jamais achevée. Les expressions de la piété populaire ont beaucoup à nous apprendre et, pour qui sait les lire, elles sont un lieu théologique auquel nous devons prêter attention, en particulier au moment où nous pensons à la nouvelle évangélisation. La joie de l’Évangile, n°126
Ce qui me semble important, c’est aussi de nourrir notre foi de l’exemple de nombreux saints. Il ne s’agit pas simplement d’en avoir un, deux ou trois auxquels on se réfère constamment – même si ceux-là peuvent avoir une place toute particulière dans notre piété – mais d’ouvrir notre esprit à la vie et à la parole de nombreux témoins du Christ. Un album spécial du journal La Croix, à l’aube du troisième millénaire, proposait d’accueillir dans son cœur les grands chrétiens du XXe siècle. Le classement est intéressant et ouvre de larges horizons : les pasteurs, les politiques, les gens de lettres, les résistants, les théologiens, les sociaux, les discrets, les papes, les philosophes, les martyrs, les artistes, les charitables, les mystiques, les œcuménistes, les fondateurs, les prophètes !
Le pape Jean-Paul II, avec de nombreuses canonisations dans toutes les Églises particulières du monde, a ouvert nos esprits à l’universalité de la foi et du témoignage. Alors, si cette fête de la Toussaint 2014 nous aidait à élargir nos saintes amitiés, à adopter tel ou tel témoin de la foi nous aidant à communier avec des Églises sœurs de par le monde et de par les siècles ?
Père Philippe Vivier
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