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Non plus esclaves mais frères

C’est le titre du message du pape François pour la Journée mondiale de la paix. Le pape s’inspire de la Lettre de saint Paul à Philémon pour dénoncer toutes les formes d’asservissement de l’être humain. Qu’est-ce que l’esclavage ? Il commence lorsqu’une personne commence à être considérée comme un moyen et non comme une fin. L’être humain est la seule créature que Dieu ait voulue pour elle-même, nous rappelle le Concile Vatican II. Or combien d’êtres humains sont sacrifiés à la logique de la rentabilité commerciale ; aux ambitions personnelles de quelques-uns ; à la volonté de puissance d’États ou d’individus. A combien d’enfants vole-t-on leur enfance – et leur avenir – à cause de conflits, de violences, de viols, parfois au sein de leur propre famille !

La Journée mondiale du migrant et du réfugié vient encore cette année rappeler à tous la nécessité de considérer tout être humain comme un frère, et de lui permettre de vivre selon sa dignité. L’Association catholique nivernaise pour l’accueil des migrants (ACNAM), qui vient d’être créée, est une réponse que notre Église diocésaine a souhaité apporter à un problème qui touche ne touche plus seulement les grandes villes : le manque de structures d’accueil des personnes qui viennent chercher refuge en France.

De dignité, il en est encore question dans le projet de loi sur la fin de vie qui doit être prochainement débattu au Parlement : la dignité humaine devant la mort. Mourir dignement : cela ne veut pas dire abréger la vie pour abréger la souffrance (du malade ou de ceux qui l’entourent). Mais cela veut dire recevoir jusqu’au bout de la vie naturelle les soins que nécessitent le corps et l’âme, même si le soulagement de la souffrance contribue à l’affaiblissement du corps et à la mort. La frontière entre le refus de l’acharnement thérapeutique et l’euthanasie est parfois ténue, mais il faut être attentif à l’ambiguïté des sentiments qui nous envahissent devant la souffrance : « Mieux vaut pour moi (pour lui, pour elle) mourir que vivre », c’est le cri de Job. Mais la dignité humaine est dans la capacité de conversion de ce cri : « Père, s’il t’est possible éloigne de moi cette coupe ; pourtant non pas ma volonté mais la tienne ».

Voilà bien des sujets graves pour ce mois de janvier. Mais ce sont les défis que nous lance notre propre humanité et que le Seigneur nous demande de relever dans la foi, l’espérance et l’amour. Nos vœux, pour ce début d’année, au-delà des convenances et des mondanités, concernent notre vie réelle : ce que nous souhaitons profondément, chacun pour soi-même, les uns pour les autres et pour le bien du monde. C’est bien sûr la paix entre tous, la paix dans le cœur de tous, par la reconnaissance de notre commune dignité reçue de Dieu.

+ Thierry Brac de la Perrière
Évêquede Nevers