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Editorial : Le tombeau vide

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Le tombeau vide

 

            Au retour du pèlerinage diocésain en Terre Sainte, je reste avec quelques images fortes de ce pays où vécut le Fils de Dieu. Les magnifiques étendues du Néguev et des monts de Judée, les paysages si contrastés que l’on traverse, du Lac de Tibériade à la Mer Morte ; mais aussi cette ville de Jérusalem, aux quartiers si subtilement circonscrits selon les confessions religieuses, une ville où l’on vit ensemble tout en étant séparé, une ville dont les remparts millénaires entourent une micro-société sous tension permanente. Bethléem, non loin de là, entourée par un mur de neuf mètres de haut. Un mur qui s’est construit tel un aveu d’une paix impossible. Un mur qui n’assure pas la sécurité et provoque de nouvelles injustices : déplacements insidieux de la frontière, séparations entre des familles, expropriations, et surtout impossibilité pour beaucoup de travailler au-delà du mur. Des murs se sont aussi élevés et des fossés se sont creusés entre deux populations, qui ne se connaissent plus et se développent dans une ignorance et une haine mutuelles. Mais il y a d’autres images pour rectifier celle-là : ces messages de paix sur le mur ; cette icône de Marie peinte par des religieuses qui vivent au pied de ce mur. Mais surtout, ces beaux visages d’artisans de paix, tel que celui du frère Olivier, à Abou Gosh, ou ces moniales de Nazareth et de Bethléem. Le témoignage de Violette, chrétienne palestinienne, qui ne nous a rien épargné de son vécu douloureux, mais qui a choisi de se battre pour la paix, nous a aussi marqués. Et bien d’autres visages.

            Mais dans le pays de Jésus, où trouver Jésus ? On a est allé sur ses traces, on a suivi ses pas, on a rencontré les lieux qu’il a habités et vu les paysages qu’il a contemplés. De nombreux sites évoquent sa présence, son passage, sa prédication, ses miracles ; et par-dessus tout, sa passion et sa résurrection. Mais les pierres ne parlent pas ; et depuis le jour de Pâques, le tombeau est vide. Alors, où trouver Jésus ? Dans les pierres vivantes qui le célèbrent, qui témoignent de lui, qui aiment comme lui. Cette présence-là, on peut la voir dans le pays de Jésus. C’est une présence aujourd’hui peu nombreuse, discrète, menacée. Mais qui porte en elle la paix pour ce pays. La présence de Jésus, elle est aussi celle que nous sommes nous-mêmes appelés à manifester.

            Où trouver Jésus ? Non dans le tombeau vide du passé, mais dans nos Galilée d’aujourd’hui, dans nos Jérusalem pleines de tensions de nos sociétés. Là il nous envoie comme visages de sa paix.

 

                                                                                               + Thierry Brac de la Perrière

                                                                                                       Evêque de Nevers