Actualités

Editorial : La perle du Concile

Mgr-Thierry-Brac-de-la-Perrière-2

            Le 18 novembre 1965 était publié, au cours de la dernière session du Concile Vatican II, la Constitution dogmatique Dei Verbum sur la Parole de Dieu. Ce petit document a pu être appelé « la perle du Concile », en raison de sa richesse doctrinale et de son importance pour une juste compréhension de la Parole de Dieu. Le dossier de ce mois dans Eglise de la Nièvre vous en présente l’essentiel. Cinq cents ans après cette dramatique rupture que fut la Réforme protestante, nous constatons les grands pas accomplis dans la manière dont nous abordons la Parole de Dieu. Les Ecritures ! s’écriaient les protestants. La Tradition ! répondaient les catholiques. Moyennant quoi, les catholiques ne lisaient plus les Ecritures et les protestants bannissaient la Tradition. Mais la Parole de Dieu, cette Parole vivante qui demeure, cette Parole qui s’est faite chair en Jésus Christ, est portée à la fois par les Ecritures et par la Tradition : c’est-à-dire par un peuple croyant qui reçoit la Parole, s’en nourrit et la transmet.

            Je constate l’importance grandissante de la Parole de Dieu dans la vie des catholiques, même si on est encore loin du compte pour une véritable connaissance de la Bible, ou au moins du Nouveau Testament, par les catholiques : de plus en plus, les textes liturgiques sont médités, des groupes de lecture de l’Evangile se forment, la Parole de Dieu est proposée à de multiples occasions. Nous voyons aussi des personnes que l’on dit « loin de l’Eglise » (tout simplement parce que l’Eglise est loin d’elles) être bouleversées par la lecture de l’Evangile ou de la Bible. Ces personnes ont besoin de trouver des membres de l’Eglise qui les aident à avancer et à rencontrer la communauté croyante, tant il est vrai que la Révélation de Dieu en Jésus Christ ne peut totalement se faire sans l’expérience d’une vie d’Eglise authentique, c’est-à-dire « assidue à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières » (Ac 2,42) ; autrement dit, une Eglise en laquelle prend chair la Parole de Dieu, une Eglise qui rend visible le Christ, en son âme et en son corps.

            S’il y a donc des progrès à faire, ils sont là. Cette Parole que nous entendons chaque dimanche, et que certains méditent chaque jour, comment prend-elle corps en nous ? Comment nous habite-t-elle, nous transforme-t-elle ? Comment notre Eglise, corps du Christ, est-elle « parlante » pour nos contemporains ? Ne fait-elle pas parfois obstacle à la rencontre de Jésus, telle la foule pour l’aveugle Bartimée, au bord du chemin (Marc 10, 46-53) ?

            Que cet anniversaire de Dei Verbum nous donne envie d’aller à la source de notre foi, à la rencontre de Jésus et de sa Parole vivante, pour devenir nous-mêmes porteurs de cette Parole de vie.

+ Thierry Brac de la Perrière
Evêque de Nevers