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Editorial : Vivre autrement

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Pour la Saint-Valentin, cette année, pas de dîner aux chandelles ! La fête des amoureux tombe le Mercredi des Cendres. Ce jour-là, jeûne et abstinence. Mais que les amoureux ne se sentent pas frustrés, s’ils veulent conjuguer leur foi et leur amour. L’équipe diocésaine de la Pastorale familiale, en lien avec le mouvement Vivre et Aimer et les CPM, a pensé à eux en proposant de fêter « Saint-Valentin autrement », par un dîner en tête-à-tête le 10 février, à l’Espace Bernadette. Et le Mercredi des Cendres, rien n’interdit aux amoureux de jeûner ensemble et de prier ensemble : ce serait, ce jour-là aussi, une « Saint-Valentin autrement », en même temps qu’un « Mercredi des Cendres autrement » !

Et pour les catholiques de tous âges et de tous états de vie : n’y a-t-il pas moyen de vivre aussi un « Mercredi des Cendres autrement » et un « Carême autrement » ? Nous avons trop pris l’habitude de faire le minimum réglementaire. Ce pourrait être significatif que de remettre à l’honneur un vrai jeûne, accompagné de la prière et de ce que traditionnellement on appelle l’aumône. Celle-ci est souvent bien honorée : nous savons être généreux, donner de nous-mêmes pour autrui. La dimension de la prière et surtout du jeûne a besoin d’être revalorisée. Le jeûne, qui n’est pas une simple hygiène de vie, nous appelle à discerner le nécessaire de notre vie. Le strict nécessaire. Or la différence entre le nécessaire et le superflu est très différemment perçue selon les personnes. De quoi ne puis-je pas me passer : une heure, une journée, une semaine, un mois (ou quarante jours !), toute une année ?

Ce à quoi nous invite le Carême c’est tout simplement de vivre autrement. Vivre autrement toutes nos relations : (re)trouver Dieu, le (re)mettre à sa place qui est la première ; nous (ré)ajuster dans notre relation aux autres et au monde. Le jeûne, associé à la prière et au partage, a cette vertu de nous aider au dépouillement de nous-mêmes, de vérifier nos véritables désirs, de nous mettre en face de nous-mêmes et de nous disposer à la rencontre de Dieu, moyennant un combat intérieur. Il nous ouvre aussi à une autre manière d’être aux autres et au monde : le jeûne a quelque chose à voir avec la chasteté ; la chasteté qui est un refus de posséder l’autre, d’avoir l’emprise sur lui ; c’est une qualité de regard et de relation aussi bien vis-à-vis des êtres que de l’environnement, qui ne cherche pas à les asservir mais à les servir. C’est un infini respect de soi et des autres qui regarde chacun comme un don de Dieu.

Il n’y a pas de programme de Carême pour notre diocèse. Il y a seulement – mais il n’y a pas à chercher ailleurs – ce que la liturgie elle-même nous propose, en particulier par l’écoute de la Parole de Dieu et par les sacrements : une adhésion renouvelée au Christ, qui nous incite à vivre autrement pour construire le monde autrement.

 

+ Thierry Brac de la Perrière
Evêque de Nevers