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Alligny-Cosne, une page d’histoire se tourne

Marie-France

Se retrouvant seule dans sa communauté d’Alligny, Sœur Marie-France est appelée à une autre mission à Sens, dans le département voisin, ce qui entraine la fermeture de la communauté. Une page d’histoire se tourne ; elle en écrit les dernières lignes.

C’est à Saint-Saulge, village du cœur de la Nièvre, qu’est née, en 1680, la Congrégation des Soeurs de la Charité de Nevers. C’est une congrégation de « vie religieuse apostolique ».Son fondateur, Jean-Baptiste Delaveyne, avait dit à ses sœurs : « Vous devez, mes sœurs, mener une vie simple, commune, uniforme et aller de plain-pied avec le reste des hommes. »

En août 1977, à la suite d’un appel de l’évêque, le père Moutel, trois sœurs arrivent dans ce joli petit bourg d’Alligny-Cosne et s’installent dans l’ancien presbytère.

« N’ayez point d’autres affaires que celles de la charité, n’ayez point d’autres intérêts que ceux des malheureux.»C’est ce que Michèle, Agnès, Monique, nos pionnières, ont essayé de vivre ainsi que les sœurs qui ont suivi et moi-même, n’ayant que pour seule règle : la charité.

Arrivée en août 2001, après avoir vécu le plus souvent en communauté dans les quartiers populaires des villes, je souhaitais et étais heureuse de retrouver le rural. J’ai cependant eu un peu de mal pour passer d’un monde à l’autre. Mais Bernadette m’a aiguillée avec Nicole et quelques autres bénévoles au service de l’aide aux devoirs « A petits pas » ; c’est ainsi que j’ai commencé à faire connaissance avec les uns et les autres.

Puis l’ACE(1)et plus tard la JOC(2)et l’Agora en 1999, m’ont également aidée à comprendre combien la vie dans un village, qui est d’une grande richesse relationnelle, cache des difficultés certaines ! Ainsi la scolarité en regroupement pédagogique, avantage inestimable certes, implique des trajets en bus dès le plus jeune âge, parcours qui sont encore nécessaires pour le collège, puis le lycée.

J’ai mesuré l’endurance et la ténacité de tous ceux qui travaillent la terre : agriculteurs, viticulteurs, éleveurs, la solidarité de tous lors d’un deuil, le courage des jeunes pour s’insérer dans la vie active, les sacrifices consentis par ceux qui doivent travailler à l’extérieur ou retrouver un travail après une restructuration ou la fermeture d’entreprises, la solitude des petits commerçants encore ouverts, la précarité de la vie de l’Eglise en rural, mais aussi la capacité de tous à se retrouver dans la joie lors des fêtes communales.

J’ai beaucoup reçu de tous, je le dis de tout mon cœur, mais j’ai aussi beaucoup à me faire pardonner. Mon tempérament trop direct a pu blesser les uns ou les autres sans que je ne m’en aperçoive.

Je quitte Alligny-Cosne le cœur gros, mais riche de toutes les rencontres dont j’ai bénéficié. Simplement, j’ai envie d’emprunter à Bernadette Soubirous son A-Dieu : « Je ne vous oublierai pas ! »

Sœur Marie-France Martiré