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Éditorial : Tous touchés

Ces derniers mois, l’actualité a été dominée par le tsunami des révélations de scandales impliquant des prêtres et même des évêques, dans plusieurs régions du monde. Le pape François s’en est lui-même fait l’écho au mois d’août par sa Lettre au Peuple de Dieu où il invite chacun à un examen de conscience. Des cas d’abus sexuels continuent de se révéler en France, mais il me semble que l’on a avancé dans la manière de traiter ces situations, et que la culture du silence n’est plus de mise. Les victimes sont désormais mieux écoutées, et un temps sera donné à la prochaine Assemblée des évêques à Lourdes pour entendre des victimes, notamment sur ce qu’elles attendent de l’Eglise. Pour autant, le chemin sera long pour prendre la mesure de ce drame et de la crise de confiance qu’il provoque à l’égard de l’Eglise, et surtout pour rétablir cette confiance.
Devant cette crise, beaucoup de fidèles sont ébranlés, certains sont tentés de quitter l’Eglise, d’autres remettent en cause le célibat des prêtres, d’autres pointent du doigt d’autres institutions qui étouffent encore des scandales, d’autres vivent cela comme une épreuve à surmonter dans la foi. Oui, dans la foi nous savons que Jésus n’abandonne pas son Eglise, et que celle-ci a connu d’autres tempêtes et d’autres scandales dont elle a pu sortir en se réformant de l’intérieur. Mais ce sont les saints qui ont toujours réformé l’Eglise, qui lui ont permis de trouver de nouvelles réponses aux dérives des différents siècles. Il nous faut accueillir ce que l’Esprit Saint nous dit aujourd’hui, et qui est forcément un appel à une conversion profonde.
Les laïcs sont ébranlés par tout cela, et les prêtres également. Car ils font désormais l’objet de soupçons généralisés, et ce peut être dur à porter. Par ailleurs, ils sont au premier plan des critiques faites à l’institution, critiques qu’ils peuvent eux-mêmes partager. Enfin, ils ont souvent en charge des communautés vieillissantes et peuvent être tentés par le découragement. La réforme des paroisses que nous avons entreprise peut être stimulante pour le renouvellement des méthodes pastorales, mais elle peut aussi dérouter et effrayer. Cela demande de puiser dans l’Esprit Saint la grâce d’un renouvellement permanent du cœur, pour une annonce toujours renouvelée de l’Evangile.
Deux jeunes sont entrés au séminaire en septembre. Ils ont pris l’initiative de faire le tour du diocèse, la semaine avant la rentrée, pour connaître les prêtres et les interroger sur leur joie d’être prêtres. Quelle bonne idée ! Cette fraîcheur nous fait du bien, loin des lamentations sur le malheur des temps.
Avec le Synode sur la pastorale des jeunes et le discernement des vocations qui se tient à Rome ce mois-ci, nous avons de quoi regarder notre Eglise dans son mystère le plus profond : la voix du Seigneur que des jeunes ne cessent d’entendre encore aujourd’hui, et qui les pousse à se donner tout entier pour lui, bravant tous les vents contraires. Magnificat !