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À propos de la situation liée aux gilets jaunes

GiletsJaunes17nov2018

NOUS SOMMES TOUS RESPONSABLES DU DIALOGUE

Notre pays est secoué depuis plusieurs semaines par des manifestations importantes de personnes exprimant leur souffrance et leurs peurs. Des changements profonds qui marquent notre société, des choix politiques mal compris accentuent le sentiment d’exclusion. Cette crise montre à l’évidence un déficit d’écoute et de dialogue dans notre pays, des ruptures et des incompréhensions que vivent beaucoup de nos concitoyens, une méfiance croissante dans toute institution et la perte de confiance dans les corps intermédiaires.

Nous sommes témoins des violences qui ont émaillé les manifestations de ces dernières semaines. Elles ne mènent à rien et ne peuvent être en aucun cas un mode d’expression du malaise ressenti. Nous les condamnons sans réserve. Aujourd’hui, nous appelons chacun à assumer ses responsabilités et à accepter les voies de dialogue qui sont possibles pour que les choix nécessaires puissent être assumés dans le respect de chacun. Nous redisons que la solidarité doit être au cœur des relations humaines, tout spécialement vis-à-vis des plus fragiles. Seul, un dialogue courageux et constructif pourra contribuer à la recherche du bien commun.

J’appelle les catholiques à porter notre pays dans la prière en ce temps où nous attendons la venue du Prince de la Paix et à être chacun, là où il est, artisan de ce dialogue respectueux de l’autre.

+ Georges Pontier
Archevêque de Marseille
Président de la Conférence des évêques de France

AUTRE PAROLE

Curé dans la Nièvre, l’abbé Sébastien mesure l’ancrage de ce mouvement. « Nevers fait partie de ces villes moyennes en perte de vitesse qui ont souffert ces dernières décennies de la fin de l’industrialisation, du chômage et de la précarité. C’est de cette réalité qu’ont émergé les Gilets jaunes », analyse-t-il. « Cela fait plusieurs années que je constate cette réelle détresse, que ça soit au sein des familles qui ont des enfants au catéchisme, des personnes que je croise au marché, à la salle de sport. Je comprends la situation qui a fait émerger une telle colère. Cela fait plusieurs années que des gouvernements successifs tentent de nous faire vivre en dehors du réel », confie le prêtre. « Je ne suis pas du genre à prêcher toujours avec un lien avec l’actualité. Mais j’attache beaucoup d’importance à prêcher dans le réel et à manifester que notre foi doit avoir des répercussions dans notre manière d’accompagner les pauvretés, d’ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure ».
« Il faut écouter ce qui se dit, poursuit-il. Une parole chrétienne peut être intéressante pour aider à faire le tri et aider à avoir un discernement sur les différentes colères qui s’expriment. Je remarque que parallèlement d’authentiques gestes de solidarité se mettent en place. Des personnes sortent d’un individualisme pour traverser ensemble ces luttes », indique encore le curé. « Si on accompagne bien ces mouvements là, il est possible de voir germer de vrais gestes de solidarité où les gens se parlent, s’entraident. Ce fondement est intéressant à évangéliser. C’est là où on voit que la réponse humaine est essentielle. Être au fond du gouffre peut révéler le meilleur (l’entraide et la solidarité) comme le pire (les violences). Si le gouvernement ne le fait pas, l’Église aura sa place pour accompagner ces expressions, ces gestes de solidarité… ». Loin de Paris, les revendications s’expriment avec plus de bienveillance que de violence, affirme le père Sébastien. « L’Église a une mission de vérité et de discernement pour éclairer sur ce mouvement, et réfléchir à la juste attitude médiatique à adopter fait partie de notre boulot ».

Père Sébastien Courault,
dans Aleteia