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Editorial : Et les jeunes ?

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Le pape François, le 25 mars dernier, a publié une exhortation apostolique intitulée « Le Christ est vivant ». « Il est vivant, le Christ, il est la plus belle jeunesse de ce monde ». Tels sont les mots qui ouvrent ce texte, destiné « aux jeunes et à tout le Peuple de Dieu ». Ce document, qui fait suite au Synode des évêques sur les jeunes, la foi et le discernement vocationnel, ne s’adresse pas d’abord aux évêques, comme il est d’usage, mais aux jeunes. C’est là une nouveauté bien typique du pape François. C’est là aussi la difficulté de cet exercice, car le pape ne s’adresse pas seulement aux jeunes mais à toute l’Eglise dans sa responsabilité vis-à-vis de la jeunesse.

Le pape commence par souligner la jeunesse de Jésus lui-même – mort à l’âge où, aujourd’hui, on entre à peine dans le monde du travail et où l’on commence seulement à fonder une famille. Mais sa jeunesse est aussi spirituelle, marquée par une liberté qui lui vient de l’obéissance au Père, et une ouverture qui lui fait dépasser toutes les frontières.

La jeunesse est un état d’esprit, nous dit le pape, elle est un renouvellement constant du cœur, et l’Eglise est appelée à garder cette capacité de renouvellement, par l’accueil constant de l’Esprit.

Mais les jeunes, ce sont des personnes concrètes, qui grandissent souvent dans des conditions difficiles, au plan familial et social, qui sont parfois exploités et dont la voix ne compte pas.

Le pape s’adresse aux jeunes pour les inviter à faire de leur jeunesse un cadeau pour l’Eglise et pour le monde. Il leur montre leur grâce propre et les met en garde contre les risques d’un embourgeoisement qui les stériliserait. Une fois de plus il les invite à « sortir du canapé » !

Mais bien sûr, le pape s’adresse à l’Eglise, pour qu’elle permette aux jeunes d’y prendre toute leur place, et notamment d’y prendre des responsabilités. C’est une interpellation que les évêques réunis à Lourdes, le mois dernier, ont entendue de la bouche des jeunes eux-mêmes, qui étaient invités à prendre la parole devant les évêques. Pour ma part, au-delà de la demande d’une vraie prise en compte des charismes des jeunes, j’ai entendu à Lourdes une soif de recevoir l’Evangile brut de décoffrage, d’entendre la proclamation initiale de la Pentecôte, qui parle de la puissance de la résurrection de Jésus. « Quelle est la parole essentielle à dire à des jeunes ? » demandions-nous à ces jeunes : « – Vous êtes sauvés ! », répondirent-ils. Ce qui sous-entendait : pas de leçon de morale, pas de réflexion sur la vie du monde. D’abord, la bonne nouvelle du salut dans le Christ.

Des jeunes, il y en a dans la Nièvre, et nous leur faisons quelques propositions. N’ayons pas peur de la qualité et de l’exigence de ces propositions. Un groupe « Zachée » a débuté cette année, de façon prometteuse, une Ecole de Prière Jeunes (EPJ) va être proposée cet été à Nevers, il y a aussi le groupe des Jeunes Pros, ceux qui s’engagent comme hospitaliers de Lourdes. Bref, on fait des choses pour des jeunes. Meilleur est ce qui se fait avec eux. Le mieux est ce qu’ils font eux.

+ Thierry Brac de la Perrière
Evêque de Nevers