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Lourdes, homélie de la messe de clôture, 9 août 2019

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(Avec l’évangile de Mt 25, 1-13)

Qu’elles soient prévoyantes ou imprévoyantes, les jeunes filles sont soumises à la même exigence pour entrer dans la salle de noce : tenir leur lampe allumée. Tel est pour nous l’appel que nous adresse ce passage d’Évangile : tout faire pour tenir notre propre lampe allumée afin de pouvoir vivre la rencontre avec le Christ ressuscité.

Hier, j’étais avec le groupe des enfants. Alors que nous vivions le rite de l’eau pour nous rappeler notre baptême, est venue la question de tous ces cierges que nous avions vu brûler en passant devant les grands brûloirs. Pourquoi tous ces cierges ? Un enfant a dit : « Dans une des apparitions, Bernadette avait un cierge à la main et même qu’il n’a pas brûlé sa main ». J’ai alors rappelé que Bernadette  (14ans) était descendue de Bartrès où elle était bergère pour venir préparer sa 1èrecommunion dans sa paroisse de Lourdes. Dans une précédente apparition, elle avait sorti son chapelet ; cette fois elle avait dans la main le cierge qui affirmait son baptême.

Aujourd’hui encore, dans les célébrations de baptême, après le geste de l’eau, le prêtre confie aux parents, parrain et marraine un cierge allumé. Il les invite à tout faire, en commençant par donner l’exemple, pour que le nouveau baptisé « vive en enfant de Lumière ».

Cette remise de cierge allumé a d’ailleurs été reprise tout-à-l’heure dans la célébration d’engagement et de consécration de plusieurs membres de l’hospitalité.

Quand je célèbre un baptême, j’aime ajouter mon commentaire : une petite flamme, c’est fragile, le moindre souffle peut l’éteindre. Et que faire d’un cierge éteint ? La solution, on a pu la voir avant-hier soir lors de la procession mariale : c’est d’aller vers quelqu’un qui a son cierge allumé.

Eh bien, c’est la même chose pour la foi de notre baptême : elle est toute petite et fragile, il ne faut pas grand-chose pour l’éteindre. (On ne perdpas la foi comme on perd un objet mais on peut avoir une foi éteinte). Pour peu qu’on le veuille, la solution sera d’aller vers quelqu’un qui, lui, aura une foi vive, lumineuse et rayonnante. Ça existe ! Tenir notre lampe allumée, ce ne sera possible qu’avec le recours des autres. Et chacun sera appelé un jour ou l’autre à partager la flamme de sa foi, la flamme de son bonheur de vivre. C’est ça, la vie en Église.

« Heureux vous les pauvres »Qu’on ne comprenne pas cette parole comme une promesse de bonheur pour quelques-uns. C’est une promesse pour tous les pauvres. Mais qui, mieux que les pauvres eux-mêmes, sauraient passer la lumière à d’autres pauvres ? Et nous, nous le savons déjà, nous avons à agir « avec eux » et non « pour eux », afin qu’ils prennent cette stature de témoins capables d’appeler leurs frères en misère à la lumière.

Et vous les malades, qui d’autres mieux que vous-mêmes pourraient apporter la flamme de vos raisons de vivre et d’espérer à vos frères et sœurs malades ? Dans nos communautés, cette lumière nous dit quelque chose de la foi de l’Église.

Et vous les enfants, vous n’êtes pas les chrétiens de demain, mais les chrétiens d’aujourd’hui. Vous êtes baptisés tout comme nous, vous êtes enfants de Dieu tout comme nous. Faites briller la lumière de votre foi.

Prêtres, hospitaliers, membres de notre Église diocésaine : tenons, nous aussi, notre lampe allumée. Permettons à d’autres de venir raviver leur foi à la nôtre.

Alors, comme dans une vision, à la suite des femmes prévoyantes, c’est une procession de lumière plus belle encore que les processions mariales de Lourdes qui se présentera pour entrer à la rencontre du Christ ressuscité. Et nous découvrirons la Vérité : c’est bien lui qui est la source de la lumière de notre foi : Il est la Lumière du monde.

François Montagnon