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Éditorial : Saints dans l’Église sainte

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Le pape François vient de canoniser cinq nouveaux saints, dont la belle et grande figure du cardinal Jean-Henry Newman, trop peu connue en France, mais aussi une laïque suisse, Marguerite Bays, couturière de son état, et tertière franciscaine. La sainteté est une dimension toujours vive de l’Eglise, il est heureux qu’à chaque époque soient reconnus de nouveaux saints. J’ai entendu dernièrement une remarque : celle de la rareté des saints reconnus au sein même du mariage. Il y a eu la canonisation récente des parents de sainte Thérèse de Lisieux, Louis et Zélie Martin, mais il est vrai que leur vie de couple et de parents est à certains égards unique, extraordinaire. Mais précisément, la sainteté n’est-elle pas dans l’extraordinaire de l’ordinaire ? La première étape de la reconnaissance de la sainteté est la déclaration de « l’héroïcité » des vertus : c’est-à-dire du caractère particulièrement admirable de la vie de la personne. La sainteté ordinaire dont parle pape François ne consiste pas dans une sainteté au rabais, mais dans la transfiguration de l’ordinaire par l’Esprit Saint.

Toute sainteté vient du Christ et elle est communiquée à son Corps mystique, l’Eglise, par l’Esprit Saint. Il ne faut pas négliger la relation entre la sainteté du Christ, la sainteté de l’Eglise et la sainteté personnelle des membres du Christ. La sainteté de chacun est reçue de la grâce du baptême est des autres sacrements, grâce qui fructifie au centuple pour certains, lorsque la semence est accueillie dans la bonne terre. Cela veut dire que l’Eglise est porteuse de la sainteté du Christ, qui se diffuse dans ses membres pour autant qu’ils sont unis à la tête, comme les sarments sont unis à la vigne. L’Eglise, si elle est dite « sainte » – comme elle est dite aussi une, catholique et apostolique – c’est en tant que corps du Christ vivant de son Esprit. C’est par elle que sont communiqués les moyens de notre sanctification : la Parole de Dieu, les sacrements, les différents lieux de communion et de croissance dans le Christ. Les saints sont les plus beaux fruits de la Parole de Dieu, du baptême, de l’eucharistie, de toute la vie ecclésiale. On ne peut comprendre la sainteté en la coupant de la matrice d’où elle vient, qui est le sein de l’Eglise, notre mère qui nous enfante dans le Christ.

Si nous cherchons la manière dont nos frères et sœurs dans la foi ont grandi en sainteté, n’omettons pas de regarder leur relation à l’Eglise, cette Eglise marquée par tant d’erreurs et de péchés tout au long de son histoire. Et veillons nous-mêmes, quels que soient les griefs que nous pouvons avoir contre elle, à nous situer toujours à l’intérieur de cette Eglise, en accueillant ce qu’elle a à donner de plus précieux : la connaissance du Christ, la vie du Christ, la sainteté du Christ.

 

 

+ Thierry Brac de la Perrière

Evêque de Nevers