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Editorial : Trêve ou grève ?

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Un mouvement social chasse l’autre, ou plutôt s’empile sur l’autre. Car notre société n’en finit pas d’exprimer son malaise, ses souffrances, ses peurs, son vide. Et la fête de Noël qui vient de s’achever n’a pas suffi à masquer tout cela, encore moins à y répondre. Bien au contraire. Car les besoins des uns, qui voulaient la trêve, rencontraient les combats des autres, qui faisaient la grève, et tous lançaient ce cri : « Et moi ! » « Regarde ma vie, ma galère !» Ils se le lançaient les uns aux autres, ils le lançaient au gouvernement.

Non, Noël n’est pas une trêve dans notre vie, ce n’est pas une parenthèse faite pour oublier les problèmes ou nous faire entrer dans un état d’apesanteur humaine, ce n’est pas un monde magique ou plutôt factice, à coups de pères Noël et de matraquages publicitaires. Ce Noël-là ne peut faire illusion, même pour des enfants. A moins de subir un complet lavage de cerveau devant les écrans.

Jésus n’est pas le père Noël, et il ne nous invite pas à une trêve dans nos activités ou nos combats. Il nous parle non de trêve mais de paix. Et il ne vient pas avec des subventions et des cadeaux, mais avec des mains vides et un cœur plein. Des mains simplement tendues et un cœur simplement ouvert. Un cœur d’enfant. Le cœur de Dieu.

Jésus ne vient pas nous vendre du rêve, mais remplir notre réalité. Depuis la crèche de Bethléem, depuis la maison de Nazareth, depuis les chemins de la Galilée, depuis la croix de Jérusalem, il nous montre le sérieux de notre vie. Il nous montre qui nous sommes, dans notre dignité et nos faiblesses, dans nos bassesses et notre beauté. Il nous dit d’où nous venons, où nous allons. Il nous apprend qui il est et d’où il vient. Il nous montre ce qu’il peut faire en nous et ce que nous pouvons être en lui. Il ouvre notre vie à plus grand qu’elle, il remplit les profondeurs de notre cœur, il le guérit et l’illumine, il lui fait traverser la frontière de la mort. Il transforme l’homme en Dieu, lui le Dieu qui s’est fait homme.

Noël est passé, et une nouvelle année a débuté. Cela ne fera pas cesser les mouvements sociaux, les injustices et les souffrances de toutes sortes. Que sera donc 2020 ? Jésus ne nous fait pas espérer un progrès continu vers le bien-être et la justice. Il nous donne la paix de Dieu à accueillir, il nous donne la justice de Dieu à rechercher, il nous donne sa présence à rencontrer. Il nous donne chaque instant comme une grâce à cultiver. Il nous donne le monde à aimer, il nous donne l’éternité à espérer. Sans trêve.

+ Thierry Brac de la Perrière
Evêque de Nevers