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Éditorial : Avec Noé

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Notre ami Dan Krajcman, avec qui nous avions commencé toute une série de rencontres judéo-chrétiennes autour de la Bible, avant le confinement, nous a proposé une judicieuse lecture du récit du déluge, ou plutôt de la sortie du confinement à la fin du déluge. Il note en particulier que la première action de Noé en sortant de l’arche est d’offrir un sacrifice au Seigneur. A la sortie du confinement – sans doute au-delà de cette date du 11 mai qui nous a été indiquée – nous pourrions, nous aussi, prévoir de célébrer ensemble le Seigneur, comme cela nous aura tant sera manqué pendant des semaines malgré l’aide des retransmissions. Sera-ce à la Pentecôte ou plus tard ? Il est trop tôt pour le dire.

Avec cette traversée nous faisons l’expérience de la mort – et l’un de nos prêtres est décédé de ce virus – de multiples manières. Et la durée de ce confinement est particulièrement pénible pour les personnes âgées et dépendantes. Il en va de même pour nous tous, à des degrés différents. Nous nous demandons quand cela finira. Or, en repensant à l’arche de Noé, je constate que, si la pluie est tombée pendant quarante jours et quarante nuits et a rapidement recouvert la terre, le reflux des eaux a été très lent : les eaux sont restées durant cent cinquante jours, au terme desquels l’arche s’est posée sur le mont Ararat. Il a fallu encore trois mois pour que le sommet des montagnes apparaisse, puis encore quarante jours avant que Noé ne lâche le corbeau puis la colombe, qui finit par revenir avec un rameau d’olivier. Mais il faudra attendre encore trois mois pour que la colombe ne revienne pas, signe qu’elle a pu trouver où nicher. Ce n’est qu’au bout d’un an et dix jours que Noé sortit de l’arche. Un an de confinement total, hommes et bêtes ensemble, dans une embarcation ! Cela peut nous encourager à la patience !

Nous sommes ensemble dans l’arche, nous voyons que toute notre humanité est embarquée ensemble au milieu de cette épreuve, et il nous est bon de prendre conscience de notre solidarité. A la sortie du confinement, nous devrons tirer les leçons de cette expérience, pour vivre autrement, pour considérer vraiment l’alliance que nous formons, humains, les uns avec les autres, avec notre environnement et avec Dieu. Et Jésus nous a introduits dans son arche, pour créer une humanité nouvelle et un monde renouvelé dans l’Esprit. La Pentecôte que nous allons célébrer est l’acte de naissance du temps nouveau, celui de la vie dans l’Esprit. C’est dans l’Esprit Saint, dans la perspective de ce monde nouveau que nous pouvons traverser ce confinement, pour expérimenter des relations nouvelles et envisager un nouveau mode de vie commune.

+ Thierry Brac de la Perrière
Evêque de Nevers