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Il nous a quitté pour rejoindre la Lumière

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C’était il y 53 ans, 1967. Ce fut la dernière année où notre diocèse eut la joie d’accueillir  en son presbyterium quatre nouveaux prêtres : deux nivernais de souche, un belge d’adoption et  Bernard Becheler, un bourbonnais-nivernais. Bernard fut ordonné le 1er juillet 1967, non en la cathédrale de Nevers mais en la cathédrale de Moulins par l’évêque du lieu, Francis Quelen, pour une double raison, le grand séminaire de Nevers était alors jumelé à celui de Moulins et la famille de Bernard résidait  dans la capitale du Bourbonnais.

Avant cette date mémorable de son ordination il me semble nécessaire de mentionner une réalité très marquante pour Bernard, son service militaire dans   l’Allemagne occupée par la France, plus précisément dans l’importante base française de Landau in der Pfalst. C’est là qu’il noua une profonde amitié avec une allemande très francophile, Hildegarde, qui devint aussi l’amie des trois autres prêtres de la promotion. Comment ne pas mentionner ici celle qui seconda efficacement Bernard tant à Château-Chinon qu’à Magny-Cours, Mademoiselle Caille.

J’aimerais souligner quatre facettes de la personnalité de Bernard : l’homme d’histoire, le chancelier, le pasteur, le malade.

Bernard était très attaché à tout ce qui touchait à l’histoire de son pays et plus précisément à l’histoire de sa famille, une famille profondément chrétienne riche de  cinq enfants. Je me souviens  aussi de ses recherches généalogistes. Lui qui était né à Nantes le 17  juillet 1920 (il avait eu 80 ans cet été) aimait rappeler ses racines vendéennes ou bretonnes, en particulier son oncle de Nantes, prêtre dans notre diocèse, Joseph Mathorel, bien connu de certains d’entre nous,  et un de ses cousins nantais devenu religieux chez les Pères Blancs du cardinal Lavigerie.

Bernard le chancelier. C’est le père Michel Moutel, notre évêque de l’époque,  qui appela Bernard à la charge de chancelier de l’évêché. Beaucoup d’entre nous  n’ont pas nécessairement de notions très claires de cette charge : le chancelier c’est l’homme des sceaux de l’évêque et du diocèse, c’est lui qui veille à ce que les actes de la curie diocésaine soient conformes au droit de l’Eglise appelé le droit canon. Ce dernier souligne que le chancelier doit être de réputation intègre et au dessus de tout soupçon. C’était bien le profil de Bernard.

Bernard le pasteur. Un seul trait pour souligner sa pastorale auprès des jeunes comme vicaire à La Charité-sur-Loire ou dans ses différents postes de curé : Dornes, Chatillon-en-Bazois, Château-Chinon et la nouvelle paroisse de Notre-Dame d’entre Loire-et-Allier où nous sommes aujourd’hui (Magny-Cours, St Parize-le-Chatel, Chantenay St Imbert et St Pierre-le-Moûtier).  Dans ces paroisses Bernard avait mis en place une imposante collection de BD (bandes dessinées) à l’intention des jeunes. Ceux-ci venaient chercher de la lecture près de leur curé et Bernard en profitait pour nouer des contacts en vue de leur évangélisation.

Bernard le malade. Les cinq dernières années de sa vie terrestre furent marquées pour Bernard par la souffrance physique et même ces derniers mois par la souffrance morale. Au cours de mon dernier entretien avec lui à Notre Dame de la Providence, tel un enfant, il pleura, il pleurait sur lui-même réduit à l’impuissance. Il gravissait, à la suite du Christ-Jésus, le chemin du calvaire. Dans sa foi chrétienne il savait que ce chemin le conduisait vers le lumineux matin de la Résurrection, le lumineux chemin de Pâques.

St Pierre le Moûtier

le 28 octobre 2020

Jacques Billout