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Une Eglise plus sainte

EVEQUE

C’est le soir même de la fête de Toussaint que nous nous retrouvons à Lourdes, les évêques de France, pour notre assemblée plénière de novembre. La première messe que nous allons célébrer est celle du 2 novembre, le jour de commémoration des fidèles défunts. Commencer l’assemblée des évêques par « le jour des morts » n’est pas sans signification. Car nous arrivons à Lourdes avec tout le poids des révélations du rapport de la Commission Sauvé sur les abus sexuels dans l’Eglise. Et ce qui ressort de ce rapport, de tous ces témoignages de victimes, c’est la dimension de la mort : car les violences sexuelles et les abus de toutes sortes sur les âmes et sur les corps, sont des actes de mort, ils sont des meurtres. C’est la raison pour laquelle ils sont classés dans le code pénal parmi les crimes. De fait, c’est le commandement « tu ne tueras pas » qui est violé par ces actes. Ils ne sont pas de simples manquements à la chasteté.

Notre assemblée est marquée par cette violence secousse de l’Eglise, et cette secousse est salutaire. La prise de conscience de l’ampleur des faits et l’analyse des causes nous provoquent à une profonde conversion, en même temps qu’à des gestes concrets de réparation du mal commis, autant qu’il est possible. Depuis vingt ans un travail a été entrepris pour adopter de justes attitudes en cas de révélation de faits de pédocriminalité dans l’Eglise, mais nous voyons que ce travail doit aller plus loin dans le traitement des conséquences et la prévention des causes de ce mal. Notre assemblée de Lourdes va en poser les jalons.

Mais le synode qui vient de s’ouvrir, à l’échelle de l’Eglise universelle, est aussi une réponse à ces dérives au sein de l’Eglise. Car l’une des causes de ces drames réside dans une certaine manière d’envisager les relations entre prêtres et laïcs, une sacralisation mal comprise des prêtres qui a autorisé tous les abus de pouvoir, toutes les perversions de la relation spirituelle, pastorale ou éducative. Or Jésus n’est pas venu pour être servi – pour se servir des autres – mais pour servir, jusqu’à donner sa propre vie pour tous. Le cléricalisme, Jésus l’a dénoncé avec force chez les pharisiens et les scribes d’Israël. Or on le retrouve dans l’Eglise.  Lorsqu’elle ne se laisse plus habiter de l’Esprit Saint, elle devient une institution pire que toutes les autres, car elle n’en a pas les garde-fous.  Passer d’une Eglise cléricale à une Eglise synodale, autrement dit une Eglise animée en tout par un esprit de communion où tous participent, selon leurs dons et leurs responsabilités, à la mission du Christ, c’est l’enjeu de ce synode.

Dans la communion des saints, célébrés en cette fête de Toussaint, que notre diocèse, avec toute l’Eglise, grandisse en sainteté pour porter plus de fruits dans sa mission.

 

+ Thierry Brac de la Perrière