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Célébrer le Seigneur qui vient

Corbigny_évêque_19-09-2021_accueil

La parution de la nouvelle traduction en français du Missel romain, qui vient d’entrer en vigueur dans nos paroisses, va nous obliger à changer quelques habitudes. Pour les prêtres, d’abord, qui voient l’ensemble des oraisons de la messe passablement modifiées, mais également les formules conclusives des oraisons, le texte des préfaces et même des prières eucharistiques. Ce ne sont que des détails, mais qui obligent à un certain effort d’adaptation, surtout lorsque l’on disait par cœur – ou presque – l’ensemble du canon de la messe.

Pour l’ensemble des fidèles, cela représente aussi quelques changements, mineurs comme pour le texte du Je confesse à Dieu, ou plus importants comme, après la présentation des offrandes, la réponse à l’invitation du prêtre : « Priez, frères et sœurs, pour que mon sacrifice, qui est aussi le vôtre, soit agréable à Dieu le Père tout-puissant » – R/ Que le Seigneur reçoive de vos mains ce sacrifice à la louange et à la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute l’Eglise ». Et surtout, le remplacement, dans le Symbole de Nicée-Constantinople (le « grand » Credo), de la formule « de même nature que le Père » par « consubstantiel au Père ». Tous ces changements sont plus fidèles au texte latin, et parfois ce n’est pas qu’une affaire de mots. La formule « de même nature », par exemple, pouvait prêter à confusion. Le mot consusbstantiel, simple transcription du latin consusbstantialis, même s’il est difficile à comprendre, fait référence aux débats extrêmement vifs à l’époque du Concile de Nicée (325), sur la divinité du Christ. En effet, contre ceux qui, comme Arius, niaient la nature divine du Christ, le Concile affirme qu’il est « de la substance du Père », et pour définir ce lien unique, cette unité avec le Père, il inventera le mot grec homoousios, que le latin traduit par « consubstantiel ».

Au-delà des mots, mais aussi à travers les mots, c’est notre foi qui est en jeu. Qui est celui que nous allons célébrer à Noël ? Qui est cet enfant porté par la Vierge Marie, mis au monde de la façon la plus précaire lors d’un voyage, et a vécu une trentaine d’années dans un village de la province romaine de Galilée ? Cet enfant, cet homme qui est véritablement l’un de nous, il vient du Père, il est le Fils éternel qui ne fait qu’un avec Dieu le Père. C’est le même « par qui tout a été fait », comme nous le proclamons, qui naîtra dans la crèche, mourra sur la croix et sortira du tombeau. C’est lui s’offre encore au Père par les mains de son Eglise, pour le salut du monde. C’est lui que nous recevons en communion.  C’est lui, venu du Père, qui nous ouvre le chemin vers le Père.

Mgr Thierry Brac de la Perrière, évêque de Nevers