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« ILS SE LEVÈRENT ET RETOURNÈRENT À JÉRUSALEM » (LUC 24, 33) – Édito de mai

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Le peintre Arcabas a figuré cela dans un tableau de l’auberge d’Emmaüs. Nous ne voyons ni Jésus ni même les deux pèlerins, mais simplement une table non rangée, une chaise et des serviettes renversées à la hâte, et puis une grande porte ouverte sur une nuit lumineuse. Tout  indique un formidable changement intérieur dans l’existence des convives du repas d’Emmaüs.

Ces convives n’ont pas attendu le lendemain ! Ils avaient été rejoints par Jésus humblement à leur côté sur une route de découragement. Ils avaient exprimé leur désir que celui qui cheminait avec eux demeure encore leur compagnon alors que le soir tombait et qu’il fallait entrer dans une auberge. Ils avaient reconnu ensuite le Seigneur lui-même quand il avait rompu le pain. Oh, cette manière divine de prendre humainement le pain de la parole et de le partager ! Oh, cette manière unique de prendre sa vie pour la donner humblement, sans l’imposer aux autres !
Aussitôt, ils prennent la route pour des retrouvailles avec l’Église. « Ils s’en retournèrent à Jérusalem ! » Ils avaient laissé derrière eux la communion fraternelle, ils la retrouvent devant eux.

Des hommes, des femmes, des enfants s’ouvrent à la présence du Christ, ils font confiance à Dieu et à l’Église, passant d’une vie sans but à une vie orientée, passant d’une solitude marquée par la déception à une communion étonnante et fraternelle dans l’écoute des merveilles de Dieu. Les nouveaux baptisés de Pâques, et tant d’autres avec eux, sont les pèlerins d’Emmaüs de notre temps. Ils éprouvent avec bonheur le grand retournement pascal ! Le Seigneur a été crucifié et il est mort à cause de nos fautes, il est ressuscité pour nous donner la vie de justice et de sainteté qui n’aura pas de fin !

Récemment, lors d’une journée de visite dans un établissement scolaire, une jeune demandait : « Que signifie croire en Jésus ? Pouvons-nous réellement entendre Dieu nous parler ? » Je pense qu’il faut avoir un coeur d’enfant pour croire, pour adhérer vraiment à la parole de Dieu. Le Christ murmure dans l’Esprit, à notre porte intérieure : Veux-tu vivre avec moi ? Veux-tu recevoir en partage avec moi la vie de Dieu ? Veux-tu être arraché au non-sens, être arraché à la culpabilité morbide et au poison de la vengeance, être dégagé des brumes de la tristesse et de l’abattement ? Veux-tu servir et aimer joyeusement ? 
Nos compagnons de la route d’Emmaüs, après coup, réalisèrent combien leur coeur était brûlant quand Jésus leur parlait en chemin. Voilà ce qu’opère entre nous et en nous le Vivant de Pâques : notre coeur refroidi par les déceptions devient brûlant dans l’écoute de la Parole de Dieu.

Nous-mêmes expérimentons cette « brûlure » salutaire du coeur lorsque, à deux ou trois déjà, nous sommes réunis au nom du Christ ressuscité.  Nous l’expérimentons chaque dimanche qui nous unit à la prière, l’écoute de l’évangile et la fraction du pain eucharistique. Nous l’expérimentons, à travers ombres et lumières, au fil de chaque jour et de chaque nuit, quand l’Esprit de Dieu murmure en nous : « Père, que ton Règne vienne ! Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ! Délivre-nous du mal ! » Oh oui, que vienne ta grâce, Seigneur, pour notre terre et nos vies tendues vers ta venue !

+ Benoît RIVIERE
Evêque d’Autun, Chalon, Mâcon et Administrateur apostolique de Nevers