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Editorial : Il a pris chair de la Vierge Marie

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Nous croyons en Dieu qui s’est fait homme. C’est le sens même de Noël que nous nous préparons à célébrer. Dieu se fait homme, alors que l’homme voudrait se faire dieu : repousser ses limites, notamment celles de la vie et de la mort ; devenir tout-puissant par les progrès scientifiques ; pouvoir changer l’être humain par les manipulations génétiques ; s’arroger le droit de vie et de mort au début ou en fin de vie ; se donner tout pouvoir sur la planète ; et bien d’autres choses. Nous voudrions échapper aux limites de notre condition, nous voudrions supprimer la souffrance et la mort. L’homme veut être Dieu. C’est bien humain ! Mais Dieu, lui se fait homme. L’homme veut échapper à la mort, Dieu vient prendre notre condition mortelle. Et que constatons-nous ? Quand l’homme veut se faire dieu, il détruit. Quand Dieu se fait homme, il fait vivre.

Prenons donc conscience du renversement opéré par le mystère de Noël : nous croyons que Dieu est au ciel, il se donne à voir sur la terre. Nous voulons nous élever et lui il s’abaisse. Nous croyons qu’il n’est qu’esprit et que nous ne sommes que chair, il vient prendre notre chair et nous donner son Esprit. Nous faisons Dieu à notre image, à l’image de notre désir de toute-puissance, à l’image de nos peurs et de nos violences, et il vient mettre en nous son image. Son image de Fils de Dieu, qui devient le frère de tous ; son cœur offert, qui sera transpercé ; sa toute-puissance de vie et d’amour, qui se dit jusque dans la faiblesse et la mort. Sa vérité divine, qui se révèle dans une existence humaine.

Il faut un retournement du cœur pour accueillir ce retournement de la relation entre Dieu et l’homme, qui se réalise à Noël. Et il a fallu un cœur particulièrement ajusté à ce mystère pour pouvoir l’accueillir. Marie était particulièrement préparée à recevoir cet immense mystère de Dieu fait homme. Car pour accueillir, pour porter ce Dieu qui se fait tout petit, il faut avoir soi-même le cœur d’un tout-petit. Marie a ce cœur-là, ce cœur de pauvre qu’évoquent les Béatitudes. C’est pourquoi « le Seigneur s’est penché sur son humble servante ».

A l’approche de Noël, apprenons de Marie à nous ajuster nous-mêmes au cœur de Jésus, le Fils du Très-Haut qui vient nous visiter au plus bas de notre vie.

 

+ Thierry Brac de la Perrière
Evêque de Nevers