Actualités

Editorial : Plus belle la vie

P1120199

Non je ne parlerai pas de cette série télévisée à succès, miroir de notre société. Mais oui, à l’issue de l’Assemblée plénière des évêques de France à Lourdes, je veux chanter : « Plus belle la vie ! » Plus belle la vie, lorsqu’elle n’est pas pillage des ressources et violence envers les faibles, mais émerveillement devant la création et le Créateur, et fraternité entre les créatures. Plus belle la vie, lorsqu’elle est alliance et non compétition, lorsqu’elle est dépendance et non auto-suffisance, lorsqu’elle est accueil d’un don et non réclamation d’un dû, lorsqu’elle est communion et non prédation.

L’appel à une conversion écologique, tel qu’il a été lancé à Lourdes, est l’appel à une conversion tout court : la conversion de toutes nos attitudes, de toutes les dimensions de notre vie. Elle concerne notre relation à Dieu, aux autres et au monde. A Lourdes nous avons entendu des cris d’alarme, concernant l’avenir de notre planète : « Plus tard il sera trop tard ». Notre inertie collective laisse s’envoler les chiffres du dérèglement climatique, et se multiplier les dérèglements humains : guerres, migrations massives. Mais nous avons entendu aussi résonner l’appel de Dieu répercuté par Jonas à Ninive : « Dans quarante jours Ninive sera bouleversée ! » Nous avons l’habitude de dire « détruite », mais l’hébreu peut se traduire par « bouleversée ». Et de fait, Ninive a été bouleversée, mise sens dessus-dessous, avant même les quarante jours. C’est-à-dire convertie. Ce qui l’a empêchée d’être détruite. Et aujourd’hui on nous dit : « Dans quarante ans notre monde sera bouleversé ». C’est ce qui est annoncé par tous les scientifiques. Bouleversé oui, mais dans quel sens ? Converti ou détruit ? Cela dépend de nous, aujourd’hui.

Alors oui, plus belle la vie, plus beau le monde, si les bouleversements entraînent une plus grande conscience de ce qui nous unit, une plus grande sagesse dans l’utilisation des biens, une plus grande solidarité dans tout ce que nous faisons. « Moins de biens, plus de liens ». C’est une vérité que nous pouvons expérimenter au jour le jour. Plus de liens, plus de joie, plus de vie.

Plus belle la vie, et plus belle l’Eglise, lorsqu’elle entend elle-même l’appel à la conversion. Lorsqu’elle se laisse bousculer par la Parole de Dieu, mais aussi par les interpellations de ses contemporains. Lorsqu’elle écoute l’Esprit de Vérité qui la renouvelle de l’intérieur, qui lui permet de faire la vérité en elle-même et avec les autres, l’Esprit d’amour qui illumine et pacifie toutes les relations. Notre Eglise est appelée à devenir plus belle en montrant le visage de Jésus.

Jésus, justement, vient à nous dans l’humilité et la faiblesse. Il nous est donné comme le fruit de l’amour de Dieu et de la foi de Marie. A Noël, accueillons ce don qui nous est fait, pour faire de notre vie un don. Plus belle la vie, lorsque Dieu vient l’habiter.

+ Thierry Brac de la Perrière
Evêque de Nevers