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La communion de désir

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Frères et sœurs,

En cette période de confinement, l’accès au sacrement de l’eucharistie est rendu impossible pour la plupart des fidèles. Les communautés religieuses elles-mêmes, qui ont l’habitude de la célébrer chaque jour, en sont aussi empêchées.

Ce jeûne de l’eucharistie (bien différent du temps de jeûne que l’on doit observer avant de communier) est difficile à vivre pour ceux qui avaient l’habitude d’aller à la messe le dimanche ou en semaine. Malheureusement il est sans douleur pour ceux qui se passent de l’eucharistie tout au long de l’année !

« Je suis le Pain vivant descendu du ciel », dit Jésus (Jn 6,51). « Celui qui me mangera vivra par moi » (Jn 6,57). En effet, Jésus est notre nourriture, ou plutôt se propose pour être notre nourriture. Car il ne s’impose pas à nous. Que veut dire : « être notre nourriture » ? D’abord que nous vivions de sa Parole. « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute Parole qui sort de la bouche de Dieu », dit-il au Tentateur dans le désert. Or il est en personne la Parole de Dieu ; par son enseignement, mais aussi par ses actes et par tout son être il révèle qui est Dieu. En Jésus, c’est Dieu qui parle, Dieu qui agit, Dieu qui aime, Dieu qui souffre, Dieu qui meurt pour nous. « Je suis dans le Père et le Père est en moi ; qui m’a vu a vu le Père »(Jn 14,9-10). Jésus ne nous propose pas autre chose que de nous unir à lui, nous unir en lui, pour nous unir à Dieu, nous unir en Dieu. « Demeurez en moi comme moi en vous » (Jn 15,4). De même que je vis par le Père, celui qui me mangera vivra par moi » (Jn 6,57). Voilà essentiellement le sens de cette nourriture que propose Jésus et qui n’est autre que lui-même. Il s’agit de nous unir à lui, à sa volonté, à tout son être, comme lui-même se nourrit de l’amour de son Père : « Ma nourriture c’est de faire la volonté de mon Père » (Jn 4,34).

L’eucharistie est dans le prolongement de cela. La communion eucharistique n’a de sens que si l’on a le désir de « manger Jésus », c’est-à-dire de s’unir à lui par tout notre être, de communier à son cœur, à sa volonté, à son amour, jusqu’à la croix : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Là oui, cela prend tout son sens de le recevoir dans l’eucharistie. La communion peut alors porter tous ses fruits.

Alors que se passe-t-il lorsque nous ne pouvons pas communier ? Cela n’empêche pas de désirer Jésus, d’avoir faim de lui, de se nourrir de sa Parole, de rechercher sa volonté dans toute notre vie, d’apprendre à aimer comme il aime.

A ce propos, le Concile de Trente (dont la doctrine est encore valable aujourd’hui) enseigne qu’il y a trois manières de recevoir le sacrement de l’eucharistie :

  • « Les uns ne le reçoivent que sacramentellement : ce sont les pécheurs.
  • « D’autres ne le reçoivent que spirituellement : ce sont ceux qui, mangeant en désir le pain céleste qui leur est offert avec cette « foi vive qui opère par la charité » (Ga 5,6), en ressentent le fruit et l’utilité.
  • « D’autres encore le reçoivent à la fois sacramentellement et spirituellement : ce sont ceux qui s’éprouvent et se préparent de telle sorte que, vêtus de la robe nuptiale (Mt 22,11ss), ils s’approchent de cette table divine ».

On voit donc que la participation à l’eucharistie commence par le désir du Christ, la faim du Christ, le désir de vivre de lui. Et que le but de l’eucharistie est bien de réaliser ce désir : que comme l’apôtre Paul nous puissions dire : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2,20).

Pour vous aider à bien vivre ce temps de jeûne de la communion, je vous propose la belle prière composée par mon confrère, Mgr Centène, évêque de Vannes. Ce peut être une bonne façon de nous préparer au jour où nous aurons la joie de la communion spirituelle et sacramentelle.

+ Thierry BRAC de la PERRIERE, évêque de Nevers
24 mars 2020

Acte de communion spirituelle

Seigneur Jésus, je crois fermement que Tu es présent dans le Saint Sacrement de l’Eucharistie.
Je T’aime plus que tout et je Te désire de toute mon âme.
« Après toi languit ma chair comme une terre assoiffée » (psaume 62)
Je voudrais Te recevoir aujourd’hui avec tout l’amour de la Vierge Marie,
avec la joie et la ferveur des saints.
Puisque je suis empêché de Te recevoir sacramentellement,
viens au moins spirituellement visiter mon âme.
En ce temps de carême,
que ce jeûne eucharistique auquel je suis contraint
me fasse communier à Tes souffrances
et surtout, au sentiment d’abandon que Tu as éprouvé sur la Croix
lorsque Tu t’es écrié : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ».
Que ce jeûne sacramentel
me fasse communier aux sentiments de Ta Très Sainte Mère et de Saint Joseph
quand ils T’ont perdu au temple de Jérusalem,
aux sentiments de Ta Sainte mère quand elle Te reçut, sans vie, au pied de la Croix.
Que ce jeûne eucharistique
me fasse communier aux souffrances de Ton Corps mystique, l’Église,
partout dans le monde où les persécutions, ou l’absence de prêtres,
font obstacle à toute vie sacramentelle.
Que ce jeûne sacramentel
me fasse comprendre que l’Eucharistie est un don surabondant de Ton amour
et pas un dû en vue de mon confort spirituel.
Que ce jeûne eucharistique
soit une réparation pour toutes les fois où je T’ai reçu dans un cœur mal préparé,
avec tiédeur, avec indifférence, sans amour et sans action de grâce.
Que ce jeûne sacramentel
creuse toujours davantage ma faim de Te recevoir réellement et substantiellement
avec Ton corps, Ton sang, Ton âme et Ta divinité
lorsque les circonstances me le permettront.
Et d’ici là, Seigneur Jésus,
viens nous visiter spirituellement par Ta grâce pour nous fortifier dans nos épreuves.
Maranatha, viens Seigneur Jésus.