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Sœur de la Charité

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L’événement est malheureusement trop rare, et mérite d’être souligné. Le 12 juin, j’aurai la joie de présider la profession solennelle (c’est-à-dire l’engagement définitif) d’une religieuse. Il s’agit de sœur Susanne Lotter, sœur de la Charité de Nevers, la congrégation à laquelle appartient sainte Bernadette. Elle fera donc profession dans les lieux mêmes où l’a célébrée Bernadette, en 1878, peu avant sa mort en 1879.

A l’époque de sainte Bernadette, le noviciat de Nevers était florissant, le couvent de Saint-Gildard était plein. Aujourd’hui la congrégation des Sœurs de Nevers est en difficulté en France et en Europe, même si elle s’est développée ailleurs, notamment en Afrique, en Amérique latine et en Asie. C’est cette congrégation que Susanne a pourtant décidé de rejoindre, alors même que d’autres congrégations attirent de jeunes religieuses. De même, à Lourdes, Bernadette avait discerné que sa place était là, chez les Sœurs de Nevers, alors qu’elle était d’abord attirée par la vie du Carmel, et que d’autres congrégations avaient cherché à la séduire en lui faisant essayer leur costume. Drôle de discernement ! Mais Bernadette a choisi les Sœurs de la Charité de Nevers parce que c’est là que le Seigneur l’attendait. Et sa vocation était précisément la Charité, à travers le service des malades.

Aujourd’hui, les Sœurs de Nevers n’ont rien de visible pour attirer : ni costume, ni liturgie monastique, ni effectif jeune et nombreux. Qu’est-ce qui peut donc attirer une Sœur de la Charité, sinon la Charité qui est l’autre nom de Dieu, qui est la vie même du Dieu trinitaire, qui a pris chair dans la personne de Jésus ? Le fondateur des Sœurs de la Charité, Dom Jean-Baptiste Delaveyne, curé de Saint-Saulge, disait à ses sœurs : « N’ayez point d’autres affaires que celles de la charité ; n’ayez point d’autres intérêts que ceux des malheureux ». C’est ce qui fait encore la raison d’être des Sœurs de la Charité, dans les multiples lieux de mission où elles sont implantées, dans la diversité des situations de pauvreté où elles sont engagées.

La Charité du Christ est et sera toujours le puissant moteur de l’engagement d’une vie. Sans artifice extérieur, dans la pauvreté, dans l’authenticité du don de soi pour les autres, dans la profondeur de la foi, de l’espérance et de l’amour en Dieu, dans la simplicité et le défi quotidien des relations au sein d’une vie communautaire, la vie religieuse est vie d’amour.

 

 + Thierry Brac de la Perrière

                                                                                                        Evêque de Nevers