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Suite des célébrations de l’été 2020 dans la paroisse Saint-François d’Assise (IV) : la curieuse église de Magny-Lormes

Autour du 15 août, nous vous proposons la bénédiction de la croix d’Ardan, l’église de Beaulieu et surtout la curieuse église de Magny-Lormes.

Bénédiction de la croix d’Ardan (relais de Corbigny) – vendredi 14 août 2020.

Dans les années 2000, la plupart des croix en bois des hameaux de la commune de Pazy ont été remplacées, à l’exception de celle d’Ardan qui avait été rénovée peu de temps avant par André Morlé, propriétaire de la ferme d’Ardan. En 2020, il devenait urgent de faire quelque chose pour cette croix qui menaçait ruine. Comme l’a rappelé Etienne Sansoit, premier adjoint au maire de Pazy, même si les croix ont perdu une partie de leur signification religieuse, elles n’en restent pas moins un point de repère qui contribue à l’identité de chaque hameau et qui mérite d’être entretenu comme tout le petit patrimoine communal. En l’espèce, la croix offerte par un menuisier d’Asnan, Laurent Favier, a été posée par des habitants du hameau.

Revêtu d’une aube blanche rehaussée d’un ornement rouge, par référence à la passion du Christ, c’est François-Xavier Reveneau, curé de la paroisse de Saint François d’Assise qui officie.

Le psaume 21 est lu par une habitante du hameau d’Ardan (photo Claude Renaud).

Le psaume 21, selon le père Reveneau, c’est le “catalogue” des souffrances endurées par Jésus-Christ, abandonné par les siens jusqu’au martyre sur la croix : “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?” Mais, de ce fait, il sait ce que nous vivons et peut donc venir à notre secours. Il est une force pour nous et il nous permet de ne pas se désespérer dans la difficulté. La croix est un signe de la force de Dieu et, pour nous, un signe d’espérance :  ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : « A vous, toujours, la vie et la joie ! » dit encore le psaume 21 dans l’un de ses derniers versets.

Le père Reveneau prononce alors la prière de bénédiction de la croix.

La cérémonie se termine par la bénédiction des personnes présentes mais aussi des habitants des autres hameaux et, finalement, de toute la commune de Pazy. Un moment de convivialité est ensuite offert par la municipalité.

 

Eglise Saint Michel de Beaulieu (relais de Brinon) – dimanche 16 août 2020.

L’église Saint Michel est située en plein bourg de Beaulieu, ce qui n’exclue pas qu’on la voit de loin, lorsque l’on vient de Chanteloup. Probablement construite à l’emplacement d’une église plus ancienne, l’édifice actuel date du début du XVIe siècle. Le chœur est à chevet plat, suivi d’une nef de deux travées, l’église se terminant par un clocher-porche qui a été reconstruit en 1880. Les fenêtres de la nef sont gothiques.

La base du clocher a conservé son porche initial doté d’un joli tympan.

Dans le chœur, on remarque deux belles statues polychromes : St Michel terrassant le dragon à gauche et une Vierge à l’Enfant à droite.

L’Evangile du jour est celui de Saint Matthieu (15,21-28).

Dans son homélie, le père François-Xavier Reveneau pose brutalement la question : “Jésus est-il raciste ?” Car il refuse, dans un premier temps, de venir en aide à une femme cananéenne qui l’implore et dont la fille est possédée par le démon. Jésus ne veut pas être considéré comme un simple guérisseur et il ne peut aider tous les peuples païens. Mais il se laisse attendrir par la foi de cette femme et il est content que ses disciples voient qu’au travers du témoignage de cette femme, il leur faudra porter la bonne parole à toutes les nations et pas seulement à la maison d’Israël. Aujourd’hui, c’est à nous d’évangéliser au sein d’une oeuvre qui nous dépasse…

 

Eglise de la Sainte Trinité à Magny-Lormes (relais de Corbigny) – dimanche 16 août 2020.

L’église de Magny-Lormes est située non loin de la mairie au milieu des prés et des champs. Construite en un lieu improbable de par sa forte pente, l’église apparaît minuscule quand on arrive de Corbigny. Seul le massif clocher-porche doté de puissants contreforts et surmonté d’un clocher couvert d’ardoises est visible. Ce clocher est précédé d’un petit toit à deux pentes, couvert en petites tuiles qui rappelle les caquetoires des églises du centre de la France.

Construite à la place d’un sanctuaire plus ancien, l’église date de la fin du XVe siècle. On descend jusque dans la nef par quatre volées d’escaliers représentant dix sept marches au total ! Heureusement, un accès plus facile, notamment pour les personnes à mobilité réduite, est possible par la chapelle de droite.

Après le chant d’entrée, le Kyrie et la première Lecture, deux membres de la chorale de Corbigny chantent le psaume : “Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu’ils te rendent grâce tous ensemble !”

Dans son homélie qui porte sur les mêmes lectures que la veille, le père Michel Guyot rappelle que Jésus Christ n’est pas dans le pays du peuple élu. Cette femme a bien le droit de demander la guérison de sa fille, même en terre païenne : chacun a droit à l’attention de Dieu et à la nourriture spirituelle et pas seulement aux miettes ! Cette femme a compris tout cela mais pas encore les disciples du Christ qui voudraient la chasser de leur vue.

Il faut croire et mener une vie généreuse, favoriser l’accès des autres aux enseignements de Jésus. Nos communautés doivent être accueillantes, y compris nos églises de l’été : y entrer en touristes, c’est bien, en croyants, c’est encore mieux ! Il faut toujours accueillir dans les églises ceux qui ont le souhait de venir s’y recueillir et prier Dieu.

La célébration se poursuit avec la doxologie, la communion puis la bénédiction finale. Avant de quitter cette étonnante église, chacun chante “Mets ta joie dans le Seigneur, compte sur lui et tu verras, il agira et t’accordera plus que les désirs de ton cœur.”

Mais avant de sortir, profitons de la rare ouverture de cette belle église pour en découvrir les trésors. D’abord l’oeuvre d’un peindre – décorateur de la fin XIXe siècle, Raphaël Bodin, artiste à Bourges, auteur des peintures murales du chœur dans le style néo-gothique, à la demande d’un prêtre, l’abbé Monsainjon (1814-1893) qui fut chargé par l’évêque de Nevers de bâtir ou de restaurer bien des églises dans la région, telles que Pouques-Lormes, Parigny les Vaux, Lurcy le Bourg, Neuilly, Alluy et enfin Magny-Lormes dont il fut curé de 1888 jusqu’à sa mort. Dans cette église, on y découvre, sur des peintures murales, saint Ouen, les trois archanges et le tétramorphe. L’archange St Michel est particulièrement saisissant (photo Marie-France Gournay).

A remarquer aussi la peinture polychrome de l’autel.(photo Marie-France Gournay) Les voûtes du chœur et les clés de voûte de la nef sont également peintes dans ce style néo-gothique tellement en vogue à la fin du XIXe siècle. Raphaël Bodin a œuvré dans bien des églises de la Nièvre, du Cher et d’autres département. Près d’ici, il a décoré le chœur de l’église de Bazoches.

Mais il ne s’agit pas là des seules œuvres d’art de cette église qui possède une belle chaire en bois du XVIIIe siècle, provenant de la chartreuse du Val Saint Georges, un prieuré de moines chartreux qui ont desservi l’église de Magny-Lormes jusqu’à leur disparition à la Révolution française. La chartreuse Notre Dame se trouvait sur la commune voisine de Pouques-Lormes.

Autre vestige de ce monastère, le dais d’autel (non visible dans l’église) qui remonte au XVIIe siècle. De cette exceptionnelle tapisserie au canevas, il subsiste douze médaillons carrés cousus sur un drap d’or moderne. Sur deux des médaillons, des anges portent les attributs de la Passion : croix et échelle. Sur le douzième, est représenté un Christ couronné d’épines. L’ensemble est classé monument historique au titre des objets depuis le 4 juillet 1903. Pour en savoir plus et voir les photos de ce dais, consulter la base du patrimoine mobilier (Palissy) du ministère de la culture.

La sortie sur le côté de l’église permet d’accéder au cimetière, placé au plus près et autour de l’église. C’est l’occasion de découvrir une vue différente de ce curieux monument.

La sortie de l’église se fait donc en cheminant parmi les tombes par un chemin en pente ou bien en remontant les dix sept marches internes à l’église. Nombreux sont ceux les fidèles qui restent un instant à discuter devant le caquetoire qui n’a jamais si bien porté son nom, qu’il tire du verbe caqueter (“bavarder à tort et à travers”) ! Une façon d’échanger les bonnes et mauvaises nouvelles…

Texte et photos : Bernard Gournay (sauf mention contraire).

Sources : Wikipedia, Nièvres Passion, notices patrimoine immobilier (Palissy) du ministère de la culture.

Les dernières messes de l’été : samedi 29 août à 17:00 à Chalaux et dimanche 30 août à l’institution Saint Léonard à Corbigny à 11:00 (messe en plein air) et à 18:00 à la chapelle Saint Elymond (commune d’Epiry).

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