Message pour la semaine de la fraternité, 11 au 18 février 2020

Moins de biens, plus de liens

C’était l’un des enseignements de la belle rencontre entre les évêques de France et des représentants des diocèses, à Lourdes au mois de novembre dernier. Les inquiétudes, bien réelles, que ces échanges ont exprimées concernant l’évolution du climat, les menaces sur la biodiversité et l’avenir même de l’espèce humaine, n’ont pas éteint le fond d’espérance qui nous animait. Oui le bouleversement climatique est inquiétant et comporte de graves menaces, spécialement pour les pays les plus pauvres. Ces changements nous incitent à une plus grande conscience écologique, et cela nous conduit à une plus grande responsabilité quant à nos modes de transport, d’alimentation et de consommation en général. Nous prenons conscience de notre interdépendance au plan planétaire, et nous savons que les changements de mode de vie sont inéluctables et commencent par les plus petites choses. Le défi écologique est un enjeu de fraternité, où chacun est solidaire de tous. Le pape François, dans son encyclique Laudato Si’, a longuement développé ce qu’il appelle une écologie intégrale, où tout est lié : la relation des humains avec leur environnement, avec leurs semblables et avec Dieu.

« Moins de biens, plus de liens ». La recherche des biens de consommation va de pair, on peut le constater, avec une perte des liens humains. Inversement, la prise de conscience de la fragilité des ressources naturelles peut provoquer de nouveaux modes de relation. Je pense au développement du co-voiturage, par exemple, ou à des savoirs-faire partagés. Notre diocèse doit relever ce défi de la fraternité, qui prend sa source dans l’Evangile et qui est renforcé par un contexte d’appauvrissement de notre territoire. Notre département continue de s’appauvrir et de se dépeupler. Des personnes vivent dans une vraie misère matérielle et sociale. Mais le tissu associatif est très vivant, et de belles initiatives ont vu le jour, comme par exemple les « Territoires Zéro chômeur », avec la participation du Secours catholique. « Plus de liens » : la pauvreté peut enfermer, mais peut aussi être source de solidarité. La générosité n’est pas liée à la richesse. Jésus l’a montré à ses disciples (voir Marc 12,41-44). Durant cette semaine, regardons les initiatives que nous pouvons prendre pour créer des liens : dans les transports, dans les relations de voisinage ou de travail, dans l’attention renouvelée envers les personnes que nous fréquentons habituellement, dans la rencontre avec d’autres que nous ne connaissons pas ou peu. Les fraternités paroissiales en train de se constituer sont des lieux de partage de la foi, mais aussi de rencontre entre les personnes et d’ouverture aux autres. Ils peuvent être des lieux de fraternité de proximité, de solidarité et de lien social et ecclésial.

Enfin, pourquoi ne pas entamer, à l’occasion de cette Semaine de la Fraternité, la démarche « Eglise verte », qui n’est pas une simple idée « écolo », mais qui incite à une vraie conversion, une démarche globale de renouvellement de nos façons d’être et de faire, dans la ligne de Laudato Si’. Pour une communauté chrétienne, cette démarche, collective par nature, peut être un vrai stimulant avec sa dimension à la fois spirituelle et relationnelle.

A la faveur de cette Semaine de la Fraternité, puissions-nous mettre en valeur les vrais biens : à savoir les vrais liens entre les personnes, les relations dans lesquelles on apprend à accueillir l’autre comme un don, à reconnaître ses richesses, à former avec lui une vraie fraternité et un même corps dans le Christ.

+ Thierry Brac de la Perrière
Evêque de Nevers