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Une des dernières messes de l’été dans la paroisse Saint-François d’Assise (V) : l’église de Chalaux et son orgue

Notre dernière chronique est consacrée à une toute petite église mais qui est quand même dotée d’un bel et rare orgue à tuyaux, dans un département qui en comporte peu.

Eglise Saint Germain et Saint Fiacre de Chalaux (relais de Lormes) – 29 août 2020

Perchée sur la colline de Chalaux, l’église Saint Germain et Saint Fiacre est édifiée à l’emplacement d’une chapelle romane, reconstruite entre 1848 et 1850 dans un style néo-roman. Edifiée sur un plan de croix latine, elle comprend un clocher porche, une nef à voûte en berceau, un transept et une abside semi-circulaire.

Totalement XIXe siècle, cette église possède un mobilier d’époque, ce qui en fait son unité.

On y trouve notamment un bel harmonium ainsi qu’une chaire et des bancs qui sont en parfait état, ce qui est assez rare.

Toujours dans le style du XIXe, on remarque le chemin de croix en cuivre émaillé initialement installé en l’abbaye Notre-Dame de La Roche à Lévis Saint Nom et confié par le Duc Antoine de Lévis Mirepoix à Francis Vidil pour en faire don à la commune de Chalaux en vue de sa mise en place dans l’église.

A noter aussi le vitrail de 1872 marquant l’arrêt à Avallon des soldats prussiens lors de l’invasion de 1870. Le roi de Prusse Guillaume 1er aurait donné l’ordre d’épargner le Morvan en souvenir de sa nourrice morvandelle…

Mais il y a plus étonnant encore : l’église de Chalaux renferme un “petit” orgue de sept jeux, construit en 1962 par le facteur allemand Führer et acquis par l’organiste Francis Vidil, professeur de piano, de composition et d’orgue au conservatoire de Versailles qui l’a installé en octobre 2012 dans l’église, en accord avec la mairie. Depuis, l’association “les Petites Orgues de Chalaux” a remboursé l’organiste de son débours.

29 août 2020, la messe va commencer et les fidèles gravissent les dix-neuf marches qui permettent d’accéder à l’église. L’occasion d’admirer la très belle vue sur le village et la campagne environnante depuis le porche.

Les deux prêtres qui vont concélébrer cette messe font leur entrée en procession : le père François-Xavier Reveneau, curé de la paroisse Saint François d’Assise et le père Loïck Bélan de l’évêché de Versailles, en vacances dans la Nièvre.

L’assistance chante “Chantez, priez, célébrez le Seigneur”, accompagnée par Francis Vidil à l’orgue.

Dans son mot d’accueil, le père François-Xavier se félicite d’entrer dans la maison de Dieu pour célébrer sa première messe dans cette église accueillante, “signal sur le rocher”. A la demande du père Loïck de savoir quand a eu lieu la dernière messe, il ne sait répondre, pas plus que l’organiste qui peut seulement dire que cette messe est la première qu’il lui est donné d’accompagner. La dernière messe serait donc largement antérieure à 2012 !

C’est le père Loïck qui proclame l’Évangile selon Saint Mathieu, 16,21-27 : “Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même”.

Dans son homélie, le père François-Xavier rappelle que dimanche dernier l’évangéliste nous a décrit la foi de Pierre. Ce dimanche, le messie court à sa perte s’il écoute les supplications de Pierre qui voudrait que Jésus se comporte comme un simple mortel. Or, pour nous sauver, Jésus devra faire la volonté du père et donc subir les violences des autres. C’est ce don de lui-même sur la croix qui nous sauve. Et comme Jésus, il nous faut donner notre vie pour annoncer la bonne nouvelle, sans craindre les moqueries et les violences, être toujours dans l’espérance que la bonne parole germera dans le cœur des autres. Et comme le dit Saint Paul, “il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir” (Actes 20-35).

Après l’homélie et en accord avec la famille de Raymond Regoby pour laquelle la messe est dite aujourd’hui, Marie-Pierre Génasi, compagne de l’organiste, chante “Somewhere over the Rainbow”.

Afin d’éviter les mouvements de foule en cette période de risque sanitaire, le père François-Xavier distribue lui-même la communion à tous les fidèles.
Pendant ce temps, Francis Vidil improvise à l’orgue et à la trompette.

 

La messe s’achève. Après la bénédiction finale, l’assemblée chante “La première en chemin“, accompagné par l’orgue.Puis l’organiste conclut par une belle improvisation qui lui vaut les félicitations du père François-Xavier et les applaudissements de l’assistance.


Cette messe fut la seule à bénéficier de l’accompagnement d’un “véritable” orgue à tuyaux. Il n’en existe pas d’autre sur la paroisse de Saint François d’Assise, depuis que le très bel harmonium puis le petit orgue de Corbigny, à bout de souffle, ont été remplacés par un excellent orgue numérique.

 

Messe à l’institution Saint Léonard de Corbigny – dimanche 30 août 2020

Comme chaque année, une messe est dite “sous les frondaison” des arbres centenaires de l’institution Saint Léonard. Nous avons déjà évoqué ce “rituel” dans une chronique antérieure. Nous n’y reviendrons pas aujourd’hui.

Messe à la chapelle du château de Marcilly, commune de Cervon (relais de Corbigny) – 8 septembre 2020

Le château de Marcilly, dominant l’Yonne, est bien connu des habitants du Bazois. Ce qui l’est moins, c’est que sa chapelle se trouve à la sortie du hameau de Marcilly, éloignée du château. Il en est ainsi depuis que la chapelle castrale a été détruite en 1792.

Pendant de nombreuses décennies, cette petite chapelle dédiée à Notre Dame a fait l’objet de pèlerinages : les plus anciens se souviennent avoir marché de Cervon jusqu’à Marcilly, avec de grandes fêtes qui suivaient la messe qui avait déjà lieu en plein air. La tradition d’une messe le 8 septembre, date de la nativité de la Vierge Marie s’est maintenue, accompagnée d’un verre de l’amitié qui n’a pas eu lieu cette année pour cause de crise sanitaire.

Très simple, cette petite chapelle datant du XVIIIe siècle est dotée d’un toit à la Mansart, d’un clocher abritant une cloche et de solides contreforts. L’entrée se fait par une petite porte. L’intérieur est très sobre et ne pourrait évidemment pas accueillir tous les fidèles présents ce jour.

 

 

Dans son homélie faisant suite à l’Évangile de la nativité de Marie, le père Michel Guyot insiste sur le rôle de Joseph qui a reçu un appel de Dieu dans un songe qui lui dit d’accueillir sa fiancée Marie alors qu’elle est à la fois vierge et enceinte. Il doit assurer son rôle de père et donne à son fils Jésus le métier de charpentier. Marie nous aide à comprendre “les choses de Dieu” et soutient notre écoute. Elle dirige nos prières et favorise notre foi, notre charité fraternelle envers Dieu.

Après la communion, les fidèles resteront un certain moment à se parler, encouragés par le caractère bucolique du lieu et le très beau temps qui règne sur notre région, en respectant les gestes barrières qui sont de mise actuellement.

En guise de conclusion…

Maintenir la tradition des “messes de l’été”, en décentralisation dans des petites églises et de minuscules chapelles était une gageure en cette année 2020.

Et pourtant tout s’est bien passé : le gel hydro-alcoolique a toujours été présent à l’entrée des églises, les règles de distanciation physique ont été appliquées à la lettre et chaque fidèle portait un masque. Il convient ici de féliciter les paroissiens qui ont préparé les églises, repéré les places à laisser libres, etc… Les félicitations vont aussi aux animateurs, aux organistes et aux choristes. Et, bien sur, il ne faut pas oublier les prêtres qui ont eu à parcourir bien des kilomètres. Merci au père François Xavier, curé de la paroisse, au père Michel Guyot, retraité et au père Loïk Belan, du diocèse de Versailles dont les vacances ont été bien mouvementées cet été. Nous en profitons pour souhaiter un rapide et parfait rétablissement à la sœur Marik. Nous n’oublions pas les diacres, Patrick Marchand et Marc Rey qui ont apporté une aide précieuse pour le bon déroulement des offices.

Il nous reste à souhaiter une édition 2021 moins perturbée, peut être sans masques et avec le retour des moments de convivialité en fin de messe qui nous ont tant manqué cette année. Mais tout ceci est une autre histoire, celle d’une crise sanitaire dont on espère voir la fin l’année prochaine…

Texte et photos : Bernard GOURNAY

Sources : Nièvres Passion ; patrimoine du Morvan (Marcilly) ; amis des orgues de Nevers et de la Nièvre